Plus que quelques jours pour acheter votre foie gras frais normand, sans oublier de belles cuisses de canard à confire. Les soixante-dix producteurs normands, éleveurs de canards pour la plupart, n'ont guère le temps de relever la tête ces jours-ci.
Ils courent les marchés, accueillent les acheteurs dans leurs fermes, écoulent des marchandises de plus en plus prisées : rillettes de canard au foie gras, rôti de canard au foie gras, cou farci au foie gras. Certes, la filière normande ne pèse pas lourd au regard des productions du Sud-Ouest : 150.000 canards d'un côté, 30 millions de canards et d'oies de l'autre ! Mais elle monte en puissance, avec une marque de fabrique : un gavage exclusivement au maïs en grains. Point de farine ou de pâte de maïs dans l'alimentation, c'est juré.
Trente-cinq de ces producteurs sont regroupés sous la bannière des Fermiers des Becs, une association née sur le plateau du Neubourg il y a plus de vingt ans, l'idée étant de trouver d'autres débouchés aux agriculteurs. « Au début, il n'y avait que des producteurs de l'Eure. Aujourd'hui, nous venons de partout.
Et nous venons ici, au marché du Neubourg, le plus important et le plus couru de la région, raconte Marie Martin. Moi, j'élève environ 6.000 canards par an, à Saint-Lô dans la Manche. Les Fermiers des Becs m'aident à être plus connue, d'autant qu'il y a maintenant un site Internet ». Un site qui s'étoffe, où l'on retrouve les dix producteurs de Seine-Maritime, les douze de l'Eure et ceux des autres départements normands.
Thierry et Christelle Crochemore sont de la partie. Ils exploitent la ferme des Sapins à Yport près de Fécamp. « On fait du canard toute l'année maintenant, et environ 1.200 pour les fêtes. Nous sommes aussi agriculteurs. On cultive notre maïs pour l'élevage. Les canards passent entre trois mois et demi et quatre mois au plein air, et ensuite on les gave durant 14 à 18 jours. Toujours avec du maïs en grains cuit. Les consommateurs apprécient sa saveur, sa texture assez ferme. C'est un foie gras qui ne part pas en huile quand on le poêle ! »
Ce que revendique aussi Chantal Frémont depuis Marbeuf dans l'Eure. « Moi, je ne fais que 1.500 canards par an.
C'est vraiment de l'artisanat, et la qualité est là. Mes clients sont fidèles, commandent d'une année sur l'autre. Vraiment, on n'a pas à rougir de nos productions en Normandie ! »
Alain et Louise, arrivés de Brionne au petit matin, attendent derrière les barrières du marché du Neubourg. « On sait quel producteur nous intéresse : celui qui justement ne fait pas beaucoup de canards, qui les gave presque amoureusement. Même si au bout du compte, on finit par les manger ! »