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Les gros fabricants n'en voulaient plus. Les petits producteurs en voulaient. Ces derniers sont en passe d'obtenir satisfaction.
« Victoire ! »,
claironne Thierry Graindorge, le PDG de la fromagerie du même nom, à
Livarot (Calvados). La nouvelle définition des conditions de production
et de fabrication du camembert AOC de Normandie est longue et complexe.
Selon lui, elle avance dans le bon sens.
Réunis sous la présidence, ferme mais neutre, du représentant de l'État, Charles Perrot, producteurs et transformateurs ont approuvé à la majorité, le 22 février, l'obligation d'utiliser du lait cru pour se prévaloir de
l'appellation d'origine.
En mars 2007, le groupe lavallois Lactalis (Lepetit, Lanquetot)
avait mené le combat, avec la coopérative Isigny-Sainte-Mère
(Calvados), pour l'abandon du lait cru, arguant de raisons sanitaires.
Luc Morelon, le directeur de la communication de Lactalis, explique : « Nos entreprises fabriquent huit camemberts de Normandie sur dix. Les règles de représentation ne nous laissent aucune chance. » Car les entreprises majoritaires en tonnage sont minoritaires en voix.
En attendant, l'élaboration des nouvelles conditions de production suit
son cours. Début mars, la commission d'enquête sur le camembert AOC de
Normandie, émanation de l'Institut national de l'origine et de la
qualité (Inao), est venue sur le terrain. « Tout pourrait être bouclé avant le 1er juillet », indique Charles Perrot.
Les OGM ne sont pas exclus
Il n'y a pas que le problème du lait cru. Patrick Mercier, éleveur à
Champsecret (Orne), président de l'Union des associations de
producteurs des AOC fromagères de Normandie, explique : « Limiter le débat au seul lait cru est trop réducteur. Nous avons réussi à imposer, à l'horizon 2020, que les éleveurs aient la moitié de leur troupeau en race normande. »
Au-delà de l'image du camembert AOC de Normandie, cette obligation favorisera le recours à l'alimentation des vaches en herbes. En revanche, il n'y a
pas eu de majorité pour exclure l'emploi des OGM dans la nourriture des laitières. « Cette mesure, remarque Patrick Mercier, à titre personnel, deviendra évidente quand le recours aux ensilages sera définitivement banni. »