Alors que l'usine tourne au ralenti, Marie-George Buffet était hier devant les grilles de Renault-Sandouville.
« Je me souviens de Jospin disant aux salariés d'une usine qui devait fermer qu'il n'y pouvait rien. Est-ce que vous pensez la même chose que lui ? » Un peu plus de 13 heures, hier. Sortie de l'usine Renault, à Sandouville. C'est l'heure où se croisent habituellement quelques milliers d'ouvriers se relayant en deux équipes sur les deux chaînes d'assemblage des modèles haut de gamme de la marque.
« Il faut interdire les emplois précaires »
L'usine tourne au ralenti. Jusqu'à lundi, seule une équipe est présente. Et c'est justement parce que cette situation la préoccupe que Marie-George Buffet, la secrétaire nationale du parti communiste, était hier aux portes de l'usine. Dans le vent froid, la candidate de la gauche « populaire et antilibérale » veut montrer aux salariés qu'elle les soutient. A cent jours du premier tour de la présidentielle, elle tente de rassurer. « Oui, dit-elle à ce salarié qui l'interroge, les politiques peuvent agir.
Il ne faut pas laisser l'argent gouverner le pays ».
Entourée des militants communistes, Marie-George Buffet a donc choisi Sandouville pour lancer sa campagne de terrain. Devant les grilles, elle distribue les tracts du PC aux salariés. Pas toujours simple ! Certains l'évitent, d'autres tendent la main pour attraper les papiers qu'elle leur tend, puis filent vers le car qui les ramènent chez eux. Certains la reconnaissent à peine, tandis que des militants font leurs recommandations, comme à cet ouvrier. « Allez poser des questions à Marie-George Buffet. Elle est là pour vous défendre ».
Les uns passent leur chemin, d'autres s'arrêtent volontiers. Comme cet ouvrier, 53 ans, entré à Sandouville en 1972. « Je me lève tous les jours à 3 heures. On nous parle d'allonger le temps de travail pour les retraites, mais on veut nous faire mourir alors qu'il y a des jeunes qui n'ont pas de travail », lance-t-il. « Que personne ne me dise que la pénibilité du travail n'existe plus », lance-t-elle.
Quelques minutes plus tard, deux jeunes intérimaires d'une société sous-traitante s'approchent de la candidate.
« Dans notre entreprise, nous sommes trois cents intérimaires sur cinq cents salariés. Est-ce que quelqu'un pense à nous ? ». « Oui, il faut interdire l'usage des emplois précaires dans les entreprises », répond Marie-George Buffet.
« Les gens sur chaîne sont usés et il y a de nombreuses maladies musculo-squelettiques. Qu'est ce qu'on peut faire ? », interroge à son tour ce technicien de 58 ans. « Il faut aller vers la retraite à 55 ans, explique Marie-Georges Buffet. C'est cela, un vrai projet moderne ». « C'est bien que vous soyez là, devant l'usine. Il y a un vrai malaise », explique un jeune salarié en saisissant un tract. Marie-George Buffet lui sourit. Les derniers ouvriers quittent l'usine. Le petit cortège conduit par la secrétaire nationale du PC s'éloigne lui aussi. A bord de voitures Renault.
Créditée d'une poignée d'intentions de vote dans les sondages, la candidate repart requinquée. « Je vais multiplier les visites de terrain », lance-t-elle.