Les réfugiés irakiens et iraniens qui vivent dans d'anciens locaux de la Ville pourraient être évacués dans les jours qui viennent.
Vitres cassées, sol humide, locaux ouverts à tous vents. Dans le fond, emmitouflés sous des couvertures, des hommes tentent de dormir. Samedi matin, un collectif d'associations (1) a voulu mettre au grand jour « les conditions de survie de ces réfugiés, qu'il faut appeler comme cela puisqu'ils viennent de pays en guerre », qui sont installés depuis plusieurs semaines dans d'anciens locaux de la Ville, face au Vox. Une vingtaine d'Irakiens pour la plupart attendent là un hypothétique passage clandestin en Grande-Bretagne pour certains. Ou une réponse à leur demande d'asile pour d'autres. « Ici, ils ne mangent pas à leur faim, explique Pascal Besuelle, porte-parole du collectif. Il y a un gros travail quotidien des associations pour leur donner un minimum de conditions de vie acceptables. »
Le bâtiment, avenue de Paris, pourrait être évacué dans les jours à venir. Les associations le craignent, et le maire le confirme. « Ces locaux, qui risquent de s'effondrer, menacent la vie de ceux qui y trouvent refuge, expliquait dimanche Bernard Cazeneuve. Je vais devoir demander leur évacuation. Mais nous n'agirons pas comme des brutes. Il reste quelques jours pour tenter de trouver une solution, et éviter de les laisser dans la nature, ce que ne garantit pas l'État aujourd'hui. » L'occupation du squat avenue Delaville fait d'ailleurs suite à l'évacuation de celui de Tourlaville, sur le port, en septembre dernier.
Un raisonnement que le collectif partage : « La responsabilité de cette situation incombe à l'État, incapable de donner un cadre législatif satisfaisant pour gérer humainement la question de ces migrations d'urgence. » Les associations soulignent également que « les communes de l'agglomération (et singulièrement Cherbourg et Tourlaville) nous apportent une aide appréciable. » Elles leur demandent aujourd'hui « de différer une éventuelle expulsion » pour permettre une mise en place rapide d'une table ronde entre tous les acteurs concernés. « Pour mettre en place des mesures d'urgence quant à l'accueil de ces réfugiés et de tous les sans-toits de l'agglomération ». Le collectif appelle les habitants de l'agglomération à un rassemblement samedi 16 décembre à 11 h devant le théâtre de Cherbourg.
1) Le collectif est composé d'Itinérances, Pastorale des migrants, Amnesty international, La Chaudrée, Conscience humanitaire, le Secours populaire et le Collectif contre le racisme et les idées d'extrême droite.