Isigny-Sainte-Mère veut garantir la qualité sanitaire de ses camemberts AOC. La coopérative veut faire changer la réglementation sur le lait cru.
La coopérative d'Isigny-Sainte-Mère abandonnera-t-elle en mars prochain son Appellation d'origine contrôlée (AOC) pour les fabrications de ses camemberts au lait cru de Normandie ? C'est ce qu'annonçait hier, le « Journal du Dimanche ». À l'origine de cette annonce, selon l'hebdomadaire, une crise liée à un contrôle de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Le journal explique que des inspecteurs de Bercy auraient constaté une fraude dans le procédé de fabrication. La coopérative n'aurait pas utilisé du lait cru, c'est-à-dire dont la température n'excède pas celle de l'animal, mais du lait microfiltré. Une technique qui consiste à filtrer le lait grâce à un tamis suffisamment fin pour retenir les bactéries. « Nous n'avons pas été épinglés, dément Claude Granjon, le directeur de la coopérative d'Isigny-Sainte-Mère, qui emploie 550 salariés. Une chose est vraie : avec la majorité des fabricants de camemberts et en particulier avec Lactalis, nous avons demandé à l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) de faire évoluer le cahier des charges de l'AOC camembert de Normandie. » Supprimer les risques de listeriaSelon ces fabricants, l'obligation de l'utilisation exclusive du lait cru ne répond pas exigences sanitaires actuelles. Certains risques pour les personnes fragiles sont avérés. « La crise a atteint son paroxysme en 2005, quand Réo a dû fermer au moment des fêtes de Noël, précise Claude Granjon. Nous, on ne veut pas que des gamins se retrouvent à l'hôpital à cause de nous ! » La coopérative d'Isigny-Sainte-Mère, et le groupe Lactalis, pour son camembert Lepetit, notamment, ont constitué un dossier commun remis aux dirigeants de la grande distribution, début janvier. Les procédés de microfiltrage voire de pasteurisation partielle réduisent à néant les risques de listeria. « Si l'Inao ne tient pas compte des évolutions sanitaires, on pourrait sortir de l'AOC, même si on ne le souhaite pas. » Le directeur-adjoint de la coopérative affirme que tout dépendra de la prochaine réunion du Comité national des produits laitiers, le 13 mars. « Rien n'est moins sûr, nuance Thierry Fabian, le directeur de la délégation normande de l'Inao. Le 1er décembre 2006, le dernier comité avait statué sur la question. Il avait été convenu de mener des études sur les procédures à mettre en place dans l'élaboration des fromages à pâte molle, au regard des nouveaux germes escherichia coli. C'est une question tranversale qui ne concerne pas, loin de là, que le camembert au lait cru. »