La Roumanie est entrée dans l'Union européenne au 1er janvier. A Moyon, un couple originaire de ce pays salue l'évenement. Avec une certaine réserve toutefois...
Parents d'un petit garçon de 6 ans, Eliza et Florian Oprea sont devenus ressortissants européens avec le changement d'année. Depuis que leur pays d'origine, la Roumanie, est entré dans l'Union européenne (UE) le 1er janvier. Le couple, domicilié à Moyon, s'en réjouit : « Je pense que ça va dans le bon sens », commente Florian. Toutefois, pas question de s'emballer. L'homme reste prudent et attend de voir. Par expérience, il sait combien les Roumains ont déjà souffert de faux espoirs. « On nous a promis tant de choses qui n'ont jamais été réalisées, dit-il. Beaucoup ne croient plus en rien... » Puis Florian relève les yeux, et arbore un sourire un peu forcé comme pour excuser ses dernières paroles : « Restons positifs ! C'est une lueur d'espoir pour la Roumanie. On espère que ça va changer, mais il faudra du temps ». Florian ne peut s'empêcher de penser aux difficultés sociales auxquelles est confrontée une grande partie de la population roumaine. La marche à franchir est tellement haute... « L'équivalent du Smic, là-bas, c'est 120 €! » Une revalorisation avait été fixée au 1er janvier. « Mais ça ne s'est pas fait ». Florian s'inquiète pour des amis et autres connaissances restés au pays, commerçants, artisans, « qui vont devoir s'aligner sur les normes européennes ». Au début du mois, certains s'attendaient à ce que les Roumains saisissent l'occasion pour aller tenter leur chance ailleurs. « À la télé, on a vu des médias qui étaient partis dans les gares et les aéroports pour en rencontrer ». Mais personne, ou presque. « Pourquoi partir maintenant · Les Roumains savent que tout n'est pas rose ici non plus, qu'il n'est pas facile de trouver un travail. Et d'ajouter : Ceux qui tenaient absolument à partir ont quitté le pays il y a longtemps déjà ». Florian est de ceux-là. Parti au lendemain du coup d'État de décembre 1989, il s'était d'abord réfugié en Allemagne. Et imaginait gagner l'Angleterre, voire les États-Unis. Mais avant de prendre la mer, l'exilé s'est arrêté à Carentan, une ville qui entretenait des échanges avec sa ville natale, Breaza, située à une centaine de kilomètres de Bucarest. Il s'est finalement installé dans la Manche. Eliza est venue le retrouver en 1998. Et travaille aujourd'hui comme éducatrice à la Villa Myriam, à Saint-Lô. Lui termine de construire leur maison en bois. Et espère bien faire carrière dans cette activité, après avoir enchaîné plusieurs petits boulots. L'entrée de la Roumanie dans l'Europe ne devrait pas bouleverser leur vie. Si ce n'est qu'il sera « plus facile de franchir la frontière », note Eliza. Peut-être aussi que leur dossier de demande de naturalisation, déposé depuis fin 2005, bénéficiera d'un coup d'accélérateur