En Basse-Normandie, on dit que le livarot date du Moyen-Age, où on l'appelait « angelot » ou « augelot », car il était fabriqué dans le pays d'Auge. Or, d'après les connaisseurs de l'histoire du neufchâtel, il aurait lui aussi été désigné à sa naissance par le terme « angelot ». En terre brayonne, on pense plutôt que c'est dû à sa forme de cœur, évoquant Cupidon le petit ange de l'amour. Rien d'étonnant, dès lors, à ce qu'un important rapprochement vienne de s'effectuer entre la société Graindorge, installée dans le Calvados et produisant notamment du livarot, et la fromagerie du pays de Bray, qui produit des neufchâtels.
« Partenariat »
Car l'entreprise familiale bas-normande, bientôt centenaire, vient d'établir « un partenariat » avec la Coopérative laitière de Haute-Normandie (CLHN), société agricole à l'origine de la toute jeune et fringante fromagerie du pays de Bray, sise sur la zone industrielle de Neufchâtel et opérationnelle depuis deux ans et demi. Une prise de parts dans la CLHN qui est l'occasion d'ajouter à son palmarès de production une quatrième AOC (obtenue par le neufchâtel en 1969), après celles du livarot, du pont-l'évêque et du camembert.
Quelles conséquences pour les onze salariés en CDI, pour la production industrielle soignée du héraut des fromages brayons ? Thierry Graindorge, PDG de l'entreprise installée à Livarot, à la tête de près de cent salariés et fort de 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, revient sur ces questions : « Nous sommes venus aider les producteurs de lait de la fromagerie du pays de Bray, suite à nos activités pré-existantes en Normandie. Ce partenariat vise à apporter une aide commerciale, une poursuite des activités et du développement : c'est une étape pour l'entreprise. »
Car Thierry Graindorge le martèle : « Nous ne sommes pas des prédateurs d'entreprise », rassure le PDG. « Pas question de frustrer ou d'écraser les gens. Nous voulons poursuivre notre chemin avec eux, qui ont déjà démontré leur courage, leur mérite et leur savoir-faire. » Cela dit, il ajoute, un rien sibyllin : « Dans ce partenariat, nous serons amenés à nous organiser et à prendre des décisions pour continuer à bien se porter [.]. Mais nous partageons déjà les mêmes valeurs sur les AOC, le terroir et la qualité des produits. » Enfin, l'attachement à la Haute-Normandie et au pays de Bray en particulier s'explique aussi, pour le PDG de Graindorge, par le fait que sa mère était originaire de. Forges !
L'histoire de famille (voir par ailleurs) s'est donc aussi tissée en territoire brayon.