Depuis peu le cœur de neufchâtel parle anglais. La fromagerie Villiers, à Illois en Pays de Bray, vient de relooker son étiquette et édite une plaquette d'information bilingue à l'usage des touristes britanniques.
Christian Villiers, héritier de six générations de producteurs, a fait ce choix sur un constat : « Les Anglais, très « envahissants » par ici, sont de grands amateurs de fromages français ». Tellement plus typés que le cheddar pasteurisé qui fait référence outre-Manche. Sur le marché intérieur, la cote du cœur moelleux au goût salé unique n'en finit plus de grimper : les ventes ont fait un bond de 20 % en 2005 (10 % en 2004). Dans le mouchoir de poche de la zone AOC, que se partagent une trentaine de fabricants, 1.350 tonnes sont produites chaque année.
Classé AOC et labellisé
Prophète en son pays, le neufchâtel séduit aussi à l'étranger. Et l'artisan exporte 5 % de sa production (100 tonnes au total). Son fromage, médaillé d'argent au Salon de l'agriculture en 2005, voyage « en Europe, Outre-Mer, en Chine, au Canada, au Japon. Récemment, un restaurateur d'Aumale, auteur de nombreuses recettes à base de neufchâtel, en a fait expédier à Taïwan, où il participait à une session de formation de chefs. »
De là à savoir si son caractère plaît vraiment, Christian Villiers en doute : « On a peu de retours. Je pense que les étrangers aiment bien goûter les produits français en général. Pourquoi celui-là plus qu'un autre ? »
Moins renommé que le camembert, le Neufchâtel lui oppose un atout de taille : « Il est classé AOC depuis 1976, labellisé depuis 1957. Le camembert, lui, n'a pas été protégé.
Il a été copié partout. » Le neufchâtel que l'on trouve de Milan à Pékin est donc forcément issu de son terroir d'origine, où l'on retrouve sa trace au XIe siècle, lorsque le Pays de Bray était. anglais !