Le PS de la Manche reste fidèle à l'EPR

Non, les socialistes de la Manche ne sont pas devenus hostiles au nucléaire. De Bernard Cazeneuve à Stéphane Travert, ils l'ont répété haut et fort, mardi. «Nous désapprouvons les propos de Julien Dray.»

Si Julien Dray est le porte-parole en titre du Parti socialiste au plan national, il va devoir se faire une raison: une bonne partie des poids lourds du PS de la Manche ne s'est pas reconnue _ mais vraiment pas _ dans le communiqué par lequel il rappelait, vendredi soir (O.-F. de samedi), à la veille du rassemblement antinucléaire de Cherbourg, « son opposition à ce projet inutile et dangereux. Opposition déjà exprimée en 2004 devant le Parlement. »

Dès ce week-end, le conseiller général socialiste d'Equeurdreville, Pierre Bihet, condamnait... cette condamnation. Il a été rejoint hier par de nouvelles voix. D'abord, celle du secrétaire de section d'Equeurdreville, Jean-Pierre Krawczyk. Il rappelle que « tous les élus locaux, y compris socialistes, ont soutenu et continueront de soutenir la construction du réacteur-démonstrateur sur le site de Flamanville ». Membre de la commission nationale Environnement et développement durable, Jean-Pierre Krawczyk souligne que « l'opposition à l'EPR ne fait pas l'unanimité dans le parti ». Il rappelle que « le premier des socialistes », François Hollande, s'est exprimé favorablement sur cette technologie à deux reprises : « à Jullouville en 2004 et Equeurdreville en octobre 2005 ».

Sur le fond, enfin, il souligne que « le choix de l'EPR est stratégique pour pourvoir au remplacement des centrales au-delà de 2025 en attendant mieux. Il faut maintenir un niveau de production d'énergie nucléaire aux alentours de 70%, tout en augmentant la production des énergies renouvelables ».

« La seule alternative viable »

Le maire de Cherbourg, et premier vice-président du conseil régional, Bernard Cazeneuve, n'est pas en reste. Il rappelle qu'en 2003 la communauté urbaine aussi bien que sa ville avaient fait montre d'une « volonté politique claire » en votant une motion en faveur de l'implantation d'EPR à Flamanville. Dix-huit mois plus tard, la position de Bernard Cazeneuve n'a pas varié: « à l'heure où les réserves en pétrole s'épuisent et où le suremploi d'énergies fossiles provoque un effet de serre à cause du réchauffement climatique, l'énergie nucléaire est la seule alternative viable garantissant la préservation de l'environnement et l'indépendance énergétique de la France. »

« Propos malheureux »

Enfin, « le soutien à la construction de l'EPR n'est pas incompatible avec le soutien au développement d'autres sources d'énergie » insiste Bernard Cazeneuve pour qui « il est même indispensable que la recherche et l'industrialisation de nouveaux procédés fassent l'objet d'une politique volontariste des pouvoirs publics ».

Ce soutien très appuyé au nucléaire n'est pas seulement le fait du PS du Nord-Cotentin: Stéphane Travert, secrétaire fédéral des socialistes de la Manche, a également confirmé hier cette ligne. « Les propos de Julien Dray sont malheureux. Nous les désapprouvons. Nous ne sommes pas pour la sortie du nucléaire alors même qu'il nous faut déjà apprendre à sortir du pétrole... En matière énergétique, je crois que le projet national du PS reste encore à écrire. Quant aux Verts, nous sommes d'accord avec eux sur de très nombreux points: l'eau, les OGM... Mais, sur le nucléaire, c'est vrai, on a une divergence importante. »