« Si c'était à refaire, je ne ferais qu'une seule Normandie », avait confié à L'Express, Serge Antoine, le père du découpage des régions...
Le futur territoire normand, à peu près dans les limites que nous lui connaissons de nos jours, naît au début du IVe siècle des réformes successives de deux empereurs romains, Dioclétien et Constantin. Elle porte alors le nom de « Lyonnaise Seconde » et a pour capitale Rotomagus : Rouen.
L’Église naissante calque sa carte sur celle de l’administration romaine. Après l’effondrement de l’Empire et l’installation des Francs aux Ve et VIe siècles, elle conserve cette organisation. L’archevêché de Rouen comprend alors les diocèses d’Évreux, Lisieux, Bayeux, Avranches, Coutances et Sées.
À partir de 841, les envahisseurs « Nortmanni » déferlent depuis la Scandinavie. Les monarques carolingiens perdent progressivement tout contrôle sur de vastes territoires. En 867, Charles II le Chauve est contraint de céder l’Avranchin et le Cotentin (l’actuel département de la Manche) au Breton, Salomon.
L’année 911
Au cours de l’année 911, le roi Charles III le Simple n’a d’autre solution que de concéder au chef viking, Rollon, les terres situées « depuis l’Epte jusqu’à la mer ». Derrière cette formulation se cache approximativement l’actuelle Haute-Normandie.
En 924, un nouvel accord octroie à Rollon « Le Mans et Bayeux », ce qui correspondrait aujourd’hui aux départements de l’Orne et du Calvados. En 933 enfin, son fils et successeur, Guillaume Longue-Épée, reçoit « la terre des Bretons sise sur le rivage de la mer » (la Manche). Sans que le Couesnon ait besoin de faire folie, le Mont Saint-Michel devient définitivement normand…
Deux régions qui ne pèsent pas lourd
Quelques accroissements mineurs sont à noter aux XIe et XIIe siècles. Malgré bien des vicissitudes, l’entité normande traverse les siècles jusqu’en 1790, date de la création des départements.
Ces événements lointains, considérés comme poussiéreux par certains des principaux partisans de l’actuelle partition, constituent pourtant le socle de notre identité régionale. Dans un monde en ébullition, où il est de plus en plus complexe de trouver ses repères, la chose n’est pas sans importance.
Mais, au-delà de l’argument culturel, il convient aussi de prendre en compte les réalités du temps : nos deux mini-régions ne pèsent pas bien lourd sur la scène nationale (respectivement 13e et 17e sur 22 en termes de population) et encore moins au plan européen, face, par exemple, aux imposants länder allemands.
Stéphane-William Gondoin