Bienvenue chez Sardou
A 63 ans, Michel Sardou revient avec un nouvel album « Etre une femme 2010 », loin des polémiques d’antan. La star nous a reçus chez elle, en Normandie, où le chanteur vient de s’installer.
En arrivant chez Sardou, samedi après-midi, dans un lieu-dit non loin de Deauville, c’est sa femme qui accueille : Anne-Marie Périer, fille de François Périer, ancienne rédactrice en chef du magazine « Elle » et épouse depuis dix ans de l’artiste. Lui, est en train de réparer sa télévision. Il arrive dans le jardin de ce manoir dont il a pris possession cet été.
« Un petit manoir, précise-t-il. J’ai deux hectares, ça suffit. En plus, j’ai acheté la Ferrari des tondeuses et je n’arrive pas à la démarrer depuis trois jours. J’ai l’air d’un con ! »
A l’entrée, d’anciens boxes à chevaux se cherchent un destin. En face, un immense pressoir promet un bon calvados avec les pommes du verger. « Il va falloir que j’y pense », ajoute le chanteur, qui nous emmène au deuxième étage dans son bureau, pour évoquer sa vie et son nouvel album.
« Ma tanière d’ours. » C’est la première image qui frappe en arrivant : une immense photo d’ours trône sur un mur. « Je fais collection d’ours, cela me correspond bien. J’ai besoin d’une pièce comme ça à moi, où je lis et compose seul, où je fais des pokers avec mon fils Romain (NDLR : l’écrivain). » Sa tanière est balisée par une mezzanine avec ses guitares, des DVD de « Prison Break » et « Lost », mais aussi un mur de vieux livres. « J’en ai près de deux mille, il faut que je trouve un moyen de les installer. »
Car, pour l’instant, Michel Sardou prend encore ses marques en Normandie. « J’ai rencontré ma femme à Deauville et elle avait une maison de famille à cent mètres d’ici. Mais si vous m’aviez dit un jour que je viendrais m’installer en Normandie, je vous aurais ri au nez. Pour moi, c’était déjà l’Angleterre …Il faisait toujours mauvais. » Il a justement acheté les lieux à une Britannique qui élevait des alpagas. « Un jour je dînais dans le coin. En sortant du restaurant, je vois l’annonce de la vente de ce manoir dans la vitrine d’une agence. J’ai laissé un message à minuit …
« Mes chiens, ma bataille. » Le chanteur est ravi d’être à deux heures de Paris. « Avant, je vivais à Megève, c’était moins pratique pour travailler. J’ai mon avion, que je pilote, stationné pas loin, et en quarante minutes je suis dans la capitale. Et puis je ne pouvais pas vivre loin de mes chiens. Je ne les voyais pas grandir, j’étais malheureux comme les pierres. » Ses chiens : un terre-neuve, un carlin, un groenendael. Il y a Irex, l’aboyeur, Pouffine, la douce, qui posera un peu plus tard pour les photos, et Bob, qui le suit en promotion et mange de la soupe. « Ils dorment avec nous. On calcule la taille du lit pour que l’on soit tous ensemble. » Il paraît que Madame apprécie. Pendant ce temps dans le jardin, quelques drôles d’oiseaux braillent. « Ah ça, ce sont mes deux mainates, Pipo et Adèle. Ils ne parlent pas, ils sont chiants comme tout. En plus, ils étaient en couple et maintenant ils se foutent sur la gueule, il a fallu qu’on les sépare… »
« Mes amis les Gitans. » Paisible en Normandie, Sardou s’inquiète pour la faible connexion Internet dont il dispose, lui qui surfe régulièrement sur le Web. Une rumeur de la Toile le donnait mort il y a quelques mois. « Rien à foutre, c’est un pauvre abruti qui a mis ça sur Twitter. » Le chanteur suit l’actualité, mais ne veut plus la chanter. « Je ne suis plus un tribun du peuple. Je n’ai plus envie de m’engager. » Mais pour peu qu’on le branche politique, il cause. Au printemps dernier, il nous révélait avoir lâché Sarkozy. Il confirme. « C’est de l’électoralisme permanent. La République en fait trop et pas assez. Est-il écrit sur ses tablettes qu’il faut un service public de télé et de radio ? Ou encore un ministère de la Culture qui utilise notre argent pour monter des pièces qui emmerdent tout le monde ? » Les infos le font toujours bondir, parfois là où on ne l’attend pas. « L’évacuation actuelle des Roms ? Vous ne me ferez pas dire du mal des Gitans. Mes parents se sont mariés au milieu d’eux aux Saintes-Maries-de-la-Mer et c’était magnifique. Et puis, il y a des voyous partout, même chez les Français, non ? » A 63 ans, Sardou, adoré ou détesté, garde sa liberté de penser. Alors qu’il nous raccompagne, le chanteur peste gentiment. « Ils font chier au Parisien , ils veulent toujours que je parle de politique. »
source leparisien