De la Tour de Londres à la cathédrale de Canterbury, en passant par Cologne, la pierre de Caen, qui s'exportait dès le 11è siècle grâce à sa luminosité et à la finesse de son grain, fait l'objet d'une exposition, à Caen.
"La renommée de la pierre de Caen est à la fois liée à ses qualités intrinsèques (résistance au gel, facilité à être sculptée), et au fait qu'elle a été exploitée très tôt", raconte Jean-Marie Levesque, conservateur en chef du Musée de Normandie qui accueille l'exposition présentée en français et en anglais jusqu'au 31 octobre.
L'essor du calcaire d'origine marin a commencé avec les grands chantiers du château et des abbayes de Caen au 11e siècle, puis la construction de nombreux édifices en Angleterre, après la conquête du territoire par le duc de Normandie Guillaume le conquérant en 1066, poursuit M. Levesque.
"Des milliers de tonnes ont ainsi été extraits, la pierre de Caen est devenue concurrentielle", ajoute le conservateur.
La roche vieille de 165 millions d'années a été notamment utilisée pour tout ou partie de l'abbaye de Westminster, du château de Buckingham, de la Tour de Londres, du cloître de l'abbaye du Mont Saint-Michel, mais aussi de la cathédrale de Cologne en Allemagne ou du transept de la cathédrale Saint-Patrick de New York ou du palais royal de Bruxelles.
Elle s'est d'autant plus exportée en Angleterre que le pays dispose du réseau hydrographique indispensable à son transport. "Au Moyen-Age, le prix de la pierre double au delà de 15 km", disent les commissaires de l'expo.
L'exposition présentée dans la salle des remparts en pierre de Caen du château de la ville présente en outre des médaillons et des fragments sculptés de Canterbury ou de l'abbaye de Reading (Berkshire).
Lumineuse, la pierre de Caen noircit au fil des ans en raison de la pollution si elle n'est pas nettoyée.
Avec le développement de nouveaux matériaux, comme la brique, son utilisation s'est ralentie au début du XXe siècle. L'extraction s'est totalement arrêtée dans les années 70 avant de reprendre en 2004. La carrière de Cintheaux alimente essentiellement le marché de la rénovation.