temoignages de Pierre VINCENOT et Ariane LANGLOIS.
J'AI TESTÉ POUR VOUS. Un labyrinthe de maïs a été créé près de Caen, à Cambes-en-Plaine. Munis d'un cahier de bord, franchissez les huit étapes qui vous conduiront à la sortie. Mais sachez prendre votre mal en patience.
Confiants et présomptueux, Ariane et moi nous engouffrons dans les allées du labyrinthe. Nous sommes d'accord : « A l'entrée, on nous a annoncé une heure trente en moyenne pour sortir. Dans 45 minutes, nous sommes dehors. » Cahier de bord en main, je m'engage dans les allées, au hasard. Ariane suit et commente mes choix : « Là on ne réfléchit pas du tout ». À droite, à gauche, tout droit, encore à droite, « il avance bêtement et il nous perd », marmonne-t-elle dans mon dos.
Régulièrement elle m'interpelle : « Qu'est-ce que tu fais · Il doit y avoir une logique dans leur truc ! » Au bout de quelques minutes, elle décide de prendre le commandement. « Arrêtons-nous deux minutes. » Ma collègue résume brièvement la situation : « Vingt minutes après, on est déjà perdu. »
Après cette remarque très judicieuse, nous reprenons notre errance. Les allées de maïs se ressemblent, nous avons des impressions de déjà-vu : « On est déjà passé par là. » Ariane adopte une nouvelle technique : elle se guide grâce aux voix des autres promeneurs, tout aussi égarés que nous. Lucide, elle répète : « On est paumés, on est paumés. » Elle n'a pas tort. On est totalement perdu. On n'a même pas atteint la deuxième étape du cahier de bord ! Elle en compte huit, sur les traces des chefs vikings. Nous commençons à revoir nos prédictions à la hausse.
Nous croisons des compagnons d'infortune : Franck, Stéphanie, Arthur et Raphaël et nous nous inspirons de leur technique : « Tourner toujours du même côté. » Ils vont à gauche, nous allons à droite. À droite, toujours à droite. La méthode paye. En quelques minutes nous atteignons la deuxième étape. Nous enchaînons les épreuves : reconnaître la maison viking, la construire et invoquer les dieux normands pour qu'ils nous guident. Arrivés à un embranchement, quatre routes s'offrent à nous. Cherchant une logique inexistante, nous les essayons toutes avant de trouver la bonne. Ariane pense à tricher et à dégrafer le plan cacheté du labyrinthe, qu'on ouvre en ultime recours. « J'ai une agrafeuse dans mon sac, ils ne verront pas qu'on a utilisé le plan. » Problème, si nous nous servons de la carte, nous n'avons pas droit à la surprise qui nous attend à la sortie. Elle renonce donc à son idée.
Huitième et dernière étape, nous avons l'impression d'être au bout. Je reprends ma technique hasardeuse d'avancer sans logique. Résultat, nous repassons deux ou trois fois au même endroit. Nous retrouvons nos quatre compagnons, égarés comme nous. Raphaël, 10 ans, prend les choses en main. Nous le suivons et en quelques minutes il nous mène à la sortie. Au lieu des 45 minutes prévues, nous sommes restés 1 h 15 dans le labyrinthe.
Morale de l'histoire, si vous êtes perdus, ne vous fiez pas à votre raisonnement, ni à celui de vos amis. Suivez plutôt l'instinct des enfants.