Malgré la destruction du manoir de la Fauconnière, la Ville veut poursuivre son projet d'ouverture du parc au public.
Le manoir de la Fauconnière n'est plus qu'un tas de cendres. L'incendie qui l'a ravagé mardi soir laisse un spectacle désolant. De la bâtisse, construite en 1870 par Alfred Favier, il ne reste que des murs noircis.
Il y a déjà quelques années que le manoir était fermé, laissé à l'abandon. La thèse de l'incendie criminel est d'ailleurs privilégiée. Des squatters occupaient régulièrement les lieux. Il suffit d'ailleurs de voir les caddies neufs qui encombrent la cour pour se convaincre qu'il y avait là des occupants attirés par la discrétion de l'endroit, proche du quartier des Provinces.
Jardin botanique
Plus que par son manoir, la Fauconnière est connue pour son jardin botanique. Sur sept hectares, environ 4 000 espèces de plantes, pour la plupart originaires de l'hémisphère sud, croissent et embellissent. La réputation du jardin du docteur Favier, cultivé depuis la fin du XIXe siècle par trois générations de passionnés, attire les botanistes du monde entier. On trouve ici des plantes d'une extrême rareté. Certaines ont été primées comme arbres remarquables. C'est le cas par exemple d'un alignement de pins noirs, d'un magnolia de Campbell, originaire de Nouvelle Zélande, ou d'un Cornus, planté en 1841. Bref, il s'agit là d'un patrimoine botanique extraordinaire.
Fondation
Ces dernières années, le jardin n'était plus ouvert au public. Au grand regret de la ville de Cherbourg. Depuis deux ans, la municipalité cherchait une solution. Les tractations avançaient avec la famille Favier, propriétaire des lieux.
La destruction du manoir choque les amoureux des beaux sites. Bernard Cazeneuve en tête, qui a exprimé sa solidarité à la famille. « Cet incendie n'entamera pas notre volonté de poursuivre la préservation de ce patrimoine, bien au contraire. Je me suis entretenu dès hier soir (mardi) avec Alain Favier, l'un des représentants de la famille, et nous restons mobilisés pour ouvrir l'accès du parc au public ».
Drame de l'histoire, les négociations touchaient au but. « Un accord avait été trouvé avec la famille : le conservatoire du littoral devait racheter la propriété et rénover les clôtures et bâtiments. Une Fondation Favier devait être créée par la Ville, la Fondation du patrimoine, les actuels propriétaires, et comme principal mécène, le comité des parcs et jardins de France. » Outre l'entretien du parc, la fondation s'engageait à l'ouvrir au public en organisant des visites guidées...
Aujourd'hui, la ville s'engage pour que le public puisse un jour redécouvrir les nombreuses variétés d'arbres et d'arbustes que possède le parc. Une chance, il n'a pas été abîmé. « Le projet de redonner au jardin Favier sa renommée d'antan, reste donc d'actualité. »
Thierry DUBILLOT.
Ouest-France