Selon l'association porteuse du projet et l'architecte, les travaux pourraient démarrer ce vendredi ou lundi. Huit mois après leur lancement officiel.
Le terrain a changé d'allure, mais pas forcément comme on l'attendait. Face au centre de rééducation fonctionnelle, dans le quartier du Bois à Hérouville-Saint-Clair, il s'est laissé envahir par les herbes folles. La mosquée ? « Jeudi, j'ai fait l'implantation, et on commence le terrassement vendredi ou lundi », assure l'architecte, Jimmy Skalli. Car, plus de huit mois après un lancement officiel médiatique, les travaux n'ont toujours pas commencé.
Décidément, la construction de l'édifice religieux n'est pas un long fleuve tranquille. Attendue depuis 20 ans, elle a déjà connu des multiples péripéties lors d'un feuilleton à rebondissements, du permis de construire attaqué par un actuel membre de la majorité municipale, au projet retiré de centre culturel que le maire Rodolphe Thomas prévoyait de financer avec l'argent du contribuable...
Finalement, l'Association islamique et culturelle du Calvados (AICC) dépose un permis de construire en mars 2005 pour un bâtiment de 1 200 m2 sur un terrain de 5 200 m2, comprenant une salle de prières de 290 m2 en capacité d'accueillir 450 personnes. Il doit être totalement payé par les dons des fidèles. Sept mois plus tard, le premier coup de pelle marque le lancement officiel du chantier... qui n'a toujours pas démarré depuis.
La faute à une enveloppe insuffisante. « Les entreprises que l'on avait trouvées nous demandaient trop. La dernière à laquelle on a fait appel voulait 400 000 € pour la main-d'oeuvre du gros oeuvre. » Et le montant prévu des travaux, soit 1,5 million d'euros, paraît, lui aussi, trop important. Du coup, c'est le système D qui prévaut. « Nous avons embauché nous-mêmes un chef de chantier indépendant et des salariés au lieu de passer par une entreprise. On peut gagner un tiers du montant. D'autres associations ont économisé de cette manière. »
Une possibilité de « réduction des coûts » que confirme l'architecte. L'AICC en aura bien besoin. « Nous sommes passés de 300 000 € à 409 000 € de dons, avant même que les travaux ne commencent, se félicite Khalid Mounir, secrétaire général de l'AICC. C'est déjà bien. » Mais encore insuffisant.
L'association qui cumule les retards ne veut plus attendre. « Nous avons eu une réunion de bureau mardi, indique Khalid Mounir. Nous avons la volonté de lancer les travaux maintenant. Les fidèles s'impatientent. On fait tout cela dans leur intérêt. Mais c'est normal, c'est leur argent. »
Les travaux qui démarrent devraient s'étaler sur deux ans. Des pauses ne sont pas exclues, le temps de remplir les caisses. Toutefois, les premières étapes semblent bien établies. « On va lancer les fondations fin juin, estime Jimmy Skalli. L'élévation devrait intervenir courant juillet. » Il y a urgence. « On a prévu qu'en septembre, les gens verront le sous-sol », assure Khalid Mounir. Pour y croire un peu plus.