Par Sandra FERRER et Gersende RAMBOURG
MONT-SAINT-MICHEL (AFP) - Le Premier ministre Dominique de Villepin a donné vendredi le coup d'envoi aux grands travaux du Mont-Saint-Michel qui doivent rendre son caractère maritime au site menacé d'ensablement.
"Après dix ans d'études et de travaux préparatoires, le temps est enfin venu de lancer le grand chantier pour l'aménagement de la baie du Mont Saint-Michel", a-t-il déclaré dans l'abbaye.
Après avoir monté les 360 marches qui mènent au sommet du Mont, M. de Villepin s'est montré inspiré par la magie des lieux, qui reçoivent chaque année plus de 3 millions de visiteurs.
"C'est un peu l'éternité que l'on touche du doigt", a-t-il déclaré, évoquant une terre où "le temps de l'histoire s'efface, où l'homme se retrouve seul face à lui-même, face à son histoire, face à ses devoirs".
Le chef du gouvernement, mis en difficulté ces derniers jours par une majorité UMP réticente sur le projet de fusion GdF-Suez qu'il avait annoncé en février, a profité de l'occasion pour s'offrir un bain de foule ensoleillé, une bolée de cidre et une bouchée de la célèbre omelette de la mère Poulard.
Il s'est vu offrir un maillot du marathon du Mont, portant le dossard 2007, une occasion d'évoquer les bienfaits de l'endurance avec quelques coureurs de fond. Quelques mètres plus loin, il est acclamé par une poignée d'étudiants bien mis, lançant des "faut continuer! On est avec vous! Il faut y aller!".
Le chantier du Mont-Saint-Michel doit durer six ans, pendant lesquels il restera accessible au public.
Son coût a été porté à un plafond de 164 millions d'euros, l'Etat prenant 79 millions à sa charge contre 60 pour les collectivités normandes et bretonnes, tandis que l'Union européenne pourrait débloquer jusqu'à 21 millions et l'Agence de l'eau trois millions, affirme le syndicat mixte qui est maître d'ouvrage.
Les travaux doivent commencer par la construction d'un barrage hydraulique sur le Couesnon, qui servira à remplir la rivière d'eau de mer à marée haute avant de la libérer à marée basse, provoquant un effet de chasse d'eau destiné à faciliter l'élimination des sédiments.
Situé à 2 km du Mont, le barrage, qui doit être achevé en 2008, sera coiffé d'un pont-promenade doté d'un belvédère, d'où il sera possible d'admirer "la Merveille" classée au patrimoine mondial de l'Unesco et l'ensemble de la baie.
Courant 2007, des aménagements hydrauliques seront par ailleurs réalisés en amont du barrage afin d'extraire 1,5 million de m3 de sédiments pour y créer un vaste réservoir.
L'année suivante, devrait débuter la construction d'un parc de stationnement situé à 2,5 km du Mont et au sein d'un site paysager qui accueillera des bâtiments d'accueil du public.
Fin 2010-début 2011, les visiteurs seront accueillis sur ce site pour y être acheminés jusqu'au Mont au moyen d'une navette. L'actuelle digue-route, datant des années 1960, sera remplacée par un pont-passerelle d'environ 1 km, dont la construction débutera en 2008. Cette digue-route accentue en effet la sédimentation autour du Mont en empêchant la libre circulation des courants.
Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, qui accompagnait M. de Villepin, ainsi que les ministres Dominique Perben (Transports) et Nelly Olin (Ecologie), a inscrit ce projet ambitieux dans une démarche patrimoniale plus vaste, affirmant que le patrimoine "n'est pas une nostalgie mais un capital d'avenir".
Source : Yahoo actualités[img][/img][img][/img]