L'archipel de Chausey menacé par les bateaux à moteur ? Pas encore. Mais un observatoire va être créer pour surveiller une fréquentation grandissante.
Si elle continue d'augmenter, la fréquentation à Chausey pourrait devenir problématique. C'est ce qui ressort de l'étude conduite par les géographes de l'université de Brest. Les scientifiques ont présenté, hier, le résultat de leurs travaux aux nombreuses personnes concernées par l'archipel. Pêcheurs, écologistes, résidents, plaisanciers ont apprécié de connaître le bilan de cette expertise qui a duré deux ans. Contrairement à la réunion de mars 2005, les usagers se sont montrés moins braqués contre une administration accusée de mettre Chausey sous cloche. « On a senti une bonne qualité d'écoute, a confié Louis Brigand, géographe au CRNS, tout le monde a conscience que Chausey doit être préservé ».
Commandée par le Conservatoire du littoral, l'étude se veut une aide à la gestion de ce territoire si particulier. « C'est un registre où nous n'avons pas d'expérience, précise Jean-Philippe Lacoste, chargé des rivages de la Normandie, c'est la première fois, en France, que le Conservatoire gère un domaine public maritime ». Les résultats de l'enquête seront donc passés au peigne fin. Déjà, des éléments quantitatifs et qualitatifs alimentent la réflexion. Ainsi, le trafic des bateaux à moteurs s'avère très dense en période estivale et lors des grandes marées. Le maximum observé, le 21 août 2005, par un coefficient de marée de 110, était de 970 bateaux. La majorité de ces petites unités viennent des côtes de la Manche. Leurs pôles de concentration sont le Sound, Aneret et les Huguenas. Si cette ruée n'est pas encore considérée comme « catastrophique », elle devra sans doute être régulée. Car, comme le souligne Louis Brigand, « un bateau à moteur qui arrive à toute vitesse sur l'estran, ce n'est pas le pied ».
Autre constat : le plaisir d'aller à Chausey. « Le taux de satisfaction des plaisanciers et des excursionnistes est très bon ». Ils apprécient les plages, le calme, la beauté du site, la journée en plein air, le côté sauvage... Leurs motifs d'insatisfaction sont le manque de poubelles, de sanitaires et la qualité de l'accueil. Les Chausiais, eux, ne voient pas d'un bon oeil la fréquentation estivale jugée trop forte et trop envahissante, à terre comme en mer. « On a aussi noté des conflits d'usage entre les plaisanciers et les pêcheurs professionnels. Ces derniers se plaignent d'être perturbés dans l'exercice de leur métier ». C'est justement pour éviter des incidents qu'une veille sera assurée via un observatoire de la fréquentation. « On va extraire dix indicateurs de notre étude, que l'on va activer régulièrement, explique Louis Brigand, un bilan de ce suivi sera restitué publiquement tous les ans ».