La pêche régionale au bord du naufrage financier
Quotas, prix du carburant, raréfaction de certaines ressources, réduction de la flottille, crise de commercialisation, la pêche bas normande est au creux de la vague.
Le conseil régional a décidé, hier, de prendre des mesures exceptionnelles et urgentes pour éviter l'effondrement des coopératives maritimes.
Pour commercialiser ses produits, la pêche bas-normande est organisée autour de coopératives et de l'Organisation des producteurs de Basse-Normandie (OPBN). Un système interdépendant menacé de s'écrouler. Sur les treize coopératives, deux, et non des moindres, viennent d'être placées en redressement judiciaire : Granvil'Mer à Granville et Copéport Marée à Port-en-Bessin. Les onze autres ne se portent pas très bien.
Plus inquiétant encore, l'OPBN racle les fonds de caisse. Or, c'est elle qui permet de payer les pêcheurs lorsque leurs produits ne trouvent pas preneurs sous criée. Récemment, 40 tonnes de coquilles Saint-Jacques sont parties à la poubelle parce que l'OPBN ne pouvait acheter au prix de retrait.
« Granvil'Mer et Copéport Marée sont redevables de deux millions d'euros à l'OPBN », explique Jean-Marc Lefranc, conseiller régional et député UMP du Bessin. Il suggère que la Région « débloque une aide remboursable d'urgence (environ un million d'euros) pour aider l'organisation de producteurs à surmonter la crise. Ce sont des milliers d'emplois, directs et indirects, qui sont menacés si les coopératives s'effondrent. »
Des aides immédiates et temporaires
Le conseil régional est unanime pour réagir rapidement. En charge du dossier, Frédérique Heurgier (PS) explique : « Nous allons mettre sur pied des aides temporaires pour maintenir les entreprises à flots sous forme de garanties de crédits ou de crédits. » Laurent Beauvais, président PS de la Région, va aussi susciter une réunion avec les deux départements concernés « pour coordonner les actions et les rendre le plus efficace possible. Nous devons répondre à l'urgence et structurer l'avenir ».
En effet, ces interventions ne serviront à rien si la filière pêche ne se remet pas en cause. En réglant pour commencer, le problème récurrent des points de débarque. « C'est une des conditions posées pour obtenir le règlement des deux cents contrats bleus que nous avons négociés », souligne Nicole Ameline, conseillère régionale et députée UMP du pays d'Auge. Honfleur et Saint-Vaast-la-Hougue sont particulièrement concernés qui ne disposent pas de criée. Cette absence pose, notamment, un problème chronique de gestion de la ressource par manque de contrôle des tonnages livrés.
Autre problème à régler, celui des cotisations à l'OPBN. « Seuls 50 % des pêcheurs versent aujourd'hui une participation. Il va falloir réussir à imposer une cotisation obligatoire pour que tous adhèrent à l'OPBN », réclame Jean-Marc Lefranc. Sinon, l'avis de tempête pourrait virer à l'ouragan.
Jean-Pierre BUISSON.
source : http://www.ouest-france.fr/actu/actu_BN_-La-peche-regionale-au-bord-du-naufrage-financier-_8618-867274_actu.Htm publié le 21/03/09