A Saint-Manvieu-Norrey, les riverains de l'usine Sanders sont en ébullition. Ils refusent de respirer les mauvaises odeurs du colza traité notamment pour les biocarburants.
« Êtes-vous prêt à prendre l'apéritif un soir d'été avec des amis en respirant des odeurs de friture insupportables qui sentent le chou · » Excédé, ce riverain s'adresse à Jean-François Sauvestre, le directeur des sites industriels de l'Ouest du fabricant d'aliment du bétail Glon-Sanders. À la demande de la Communauté de communes entre Thue et Mue, à l'ouest de Caen, les responsables de la trituration et du pressage de colza dans les locaux de l'usine de Saint-Manvieu-Norrey, ont organisé, hier, dans leurs locaux une réunion d'information.
Entassés dans la salle de l'usine, 52 riverains les plus proches des installations située sur cette commune de 1 750 habitants, sont venus se plaindre des « mauvaises odeurs dégagées par le procédé d'extraction des huiles de colza, mis en route depuis le début d'année sans autorisation légale ». À la tête du mouvement de contestation, le maire de la commune Yves Levivier, brandit l'arrêté du préfet du Calvados qui « intime l'ordre de suspendre les activités de l'usine tant que le dossier instruit par les services compétents du département n'est pas régularisé ».
Détruire les odeurs à 97 %
Devant un flot d'invectives, les réponses à huit questions n'ont pas totalement dissipé le climat de méfiance. « Notre groupe a une différence d'appréciation avec la Drire, explique Jean-François Sauvestre. Nous dialoguons en permanence avec l'administration du Calvados en désaccord avec celle d'autres départements où sont implantées des usines similaires à la nôtre. »
Pour réduire les odeurs, le Toulousain Pierre Magne, de la société Valco, a présenté le procédé Faudet, installé à l'usine de Saint-Manvieu : « Il s'agit non de masquer les odeurs, mais de les détruire, au moment où elles se forment. Nous injectons par brumisation des molécules naturelles. Elles détruisent les odeurs de friture propre au colza cuit. »
Ce procédé demande une mise au point en cours d'exploitation des installations : « Nous pouvons baisser le niveau d'odeur de 95 à 97 % sans garantir de les réduire à 100 %. »
Non convaincus sur l'efficacité du procédé, méfiants de la bonne foi des dirigeants, plus de la moitié des contestataires présents ont cependant accepté de visiter par petits groupes les installations de l'usine.
Deux riveraines ont répondu positivement à l'invitation des dirigeants de suivre pas à pas les améliorations qui seront apportées sur le plan des odeurs et des poussières potentiellement allergènes. Un pas dans le sens de meilleurs rapports de voisinage.