Trouver du bois devient hasardeux, surtout à bon prix. L'augmentation des demandes n'avait pas été prévue par les professionnels.
« Depuis deux mois, je n'ai pas pu livrer 500 stères de bois que l'on m'avait commandé ». L'affaire de Serge Chaboche, à Condeau, dans le Perche, a cessé les livraisons. Dans l'Orne, comme en Basse-Normandie, on peine à trouver du bois. Au mieux, une petite annonce « cause surplus » d'un particulier, à l'occasion, dans les journaux spécialisés. Pour l'entreprise Desnos, à Godisson, les demandes en bois de chauffage ont doublé depuis deux ans : « Le bois sec, il se fait de plus en plus rare. Nous, on livre encore, mais ça va devenir difficile. » Si aujourd'hui l'entreprise fait face aux demandes du département, elle a de plus en plus de mal à pouvoir fournir la Bretagne.
« Mais la pénurie était logique ! », signale Serge Chaboche. Logique ? « Oui, répond Éric Hincelin, ingénieur au Centre régional de la propriété forestière de Bois-Guillaume (près de Rouen, en Seine-Maritime). Pour que le bois bûche arrive chez le particulier, ce n'est pas immédiat. Il faut attendre qu'il soit sec, soit environ dix-huit mois. » Deux ans auparavant, témoignent les professionnels, ils ne s'attendaient pas à une telle augmentation de la demande. Les coupes de bois ont donc été insuffisantes. « Après les grosses tempêtes, explique l'ingénieur, les forestiers ont cessé d'abattre des arbres. On a donc arrêté d'embaucher dans ce secteur. » Depuis, le coût du pétrole et des autres énergies, a augmenté. Le chauffage au bois est naturellement revenu à la mode. « On manque sérieusement de bras, réagit Serge Caboche. Les demandes croissent de 20 % par an alors que les écoles de formation ferment. »
Ce sont les prix qui flambent
Le marché s'envole et devrait logiquement créer de l'emploi. « C'est vrai que les réserves en France sont colossales. Il est indispensable d'embaucher pour ne pas faire n'importe quoi dans les forêts », rappelle le bûcheron. Car si le chauffage au bois est une énergie économique, il favorise aussi la biodiversité et contribue à l'entretien des forêts.
En attendant, les prix grimpent en flèche. L'année dernière, le stère de bois, soit un mètre cube, coûtait 42 € en moyenne. En 2006, il fallait débourser environ 8 € de plus. « Mais il ne faut pas croire, assure l'entreprise Desnos, que l'on gagne plus d'argent. Pour nous aussi le gasoil a augmenté. » Avis partagé par son concurrent du Perche.
L'Orne devrait faire face en 2007. Le département est une réserve énorme de bois, la deuxième du grand ouest après l'Eure. Les arbres poussent plus qu'ils ne sont coupés. Les professionnels ont prévu d'augmenter leur stock. Mais ils appellent aussi à une meilleure organisation des particuliers : « Il faut être prévoyant et commander dès l'été. Il est conseillé aussi d'acheter du bois plus jeune et se constituer sa propre réserve. »