« Je parraine Le Pen et je ne m'en cache pas ! »

dans l'orne

Les maires rechignent à parrainer un candidat
Les candidats à la présidentielle présenteront leur 500 signatures dans une semaine. Dans l'Orne, les deux tiers des maires n'en parraineront aucun.
« Je parraine Le Pen et je ne m'en cache pas ! » Éric Quénardel, maire de Beaulieu, est un cas à part. Il est le seul des maires de l'Orne à nous dire, aujourd'hui, qu'il apporte sa signature au candidat du Front national. Il y a cinq ans, Jean-Marie Le Pen avait recueilli le parrainage de 14 maires dans notre département. Il faut croire que certains d'entre eux s'en sont mordus les doigts. « J'ai reçu des lettres de félicitations et des lettres d'insulte », avoue Marie-Claire Le Freteur, maire de Landigou.Cette fois, l'élue a décidé de ne parrainer aucun des candidats à l'élection présidentielle. « Je ne veux pas être à la Une des journaux. Je ne veux pas qu'on dise que je vote pour Untel ou Untel. Il est normal qu'on demande aux élus de parrainer un candidat. Mais le parrainage devrait être secret, comme le vote. » Comme elle, les deux tiers des maires (327 réponses sur 483 maires contactés) ont donc choisi de ne parrainer personne. « Je suis sans étiquette », explique Claude Jardin, maire de Notre-Dame-du-Rocher « Pour ouvrir le débat, je serai prêt à donner ma signature à un petit candidat. Mais, ce qui me gêne, c'est qu'on a tendance à y mettre une étiquette », regrette Joseph Blais, maire d'Occagnes.« C'est personnel »D'autres ont accepté de donner leur parrainage. Mais ils se gardent bien de le crier sur les toits, surtout à un an des élections municipales. « Si j'ai parrainé un candidat · Oui. Mais je ne vous le dirai pas. C'est personnel ! », lance Bernard Guillaume, maire de Saint-Roch-sur-Egrenne. Même silence chez André Allain, maire de Champ-Haut, qui refuse de donner le nom de son « poulain » : « Je vais le dire dans ma commune. Mais ce serait plus simple de ne pas le publier. Il faudrait que les parrainages restent anonymes. Ça aiderait les petits candidats. » On ne connaîtra pas non plus le candidat préféré de Jacques Laignel (Saint-Jean-des-Bois) : « Je ne veux pas influencer les électeurs. »Au final, près de 70 maires ont accepté de nous dire quel candidat ils avaient parrainé. Soit à peine 15 % de ceux que nous avons contactés. « Il est normal que le maire d'une commune prenne un engagement et dise ce qu'il pense. C'est un homme public », estime Éric Quénardel. Après avoir signé pour Christine Boutin en 2002, le maire de Beaulieu a donc choisi de soutenir Jean-Marie Le Pen. « Je ne suis pas encarté, mais j'ai une grande tendresse pour lui. Il représente un courant fort en France. De toute façon, je ne cours aucun risque, puisqu'il ne sera pas élu ! »Jean-Yves Boulay, maire de Montgaudry, parraine Philippe de Villiers. En 2002, son choix s'était porté sur... Olivier Besancenot. « Dans un souci de démocratie, je donne chaque année mon parrainage à un petit candidat. » Nicolas Sarkozy est celui qui draine le plus de signatures : une trentaine. Mais attention, prévient Brigitte Luypaert, maire de Berd'huis : « Je lui ai donné mon parrainage dans le cadre de mon mandat de conseiller régional. Pas en tant que maire. Dans une petite commune rurale, on ne fait pas de politique. »En 2002, 90 maires de l'Orne avaient donné leur parrainage à un candidat. Déjà une minorité.