Les heures du squat de Tourlaville (Manche), où sont rassemblés des clandestins, sont comptées. Une vaste opération de police est en préparation.
Dans le squat, face à la gare maritime de Cherbourg, Isabelle, de l'association Itinérance, a réuni les 25 migrants présents ce jeudi midi. « Mauvaise nouvelle, leur lance-t-elle en anglais. Un arrêté d'expulsion a été mis en route. Aujourd'hui peut-être ou demain, ou dans une semaine, on va vous faire quitter le squat. » « Tant pis ! répondent fatalistes les jeunes gens. On restera sur la plage. »
Un peu plus tôt, des représentants de plusieurs associations humanitaires et du Réseau éducation sans frontière étaient reçus à leur demande par le sous-préfet, Raymond Cervelle. « Il nous a précisé que les dix-neuf Irakiens et les huit Iraniens en situation illégale, interpellés le 19 septembre, avaient été envoyés au centre de rétention de Toulouse, faute de places ailleurs. » Le sous-préfet leur a aussi précisé que « l'opération policière mise en place suite à une recrudescence du nombre de clandestins dans l'agglomération, n'était pas terminée ». Les associations ont aussi transmis au sous-préfet les témoignages, photos et certificats médicaux des deux migrants qui affirment avoir été victimes de violences dans l'enceinte du port transmanche. « Nous avons demandé qu'une enquête soit menée. Si rien n'est fait nous serons contraints de porter plainte. »
De son côté, Jean Lemière, député de Cherbourg, confirme que la politique de fermeté, engagée par les autorités, sera maintenue. « La situation à Cherbourg est comparable à celle que nous avons connue en 2002, avec un afflux de réfugiés kurdes. En août, la police aux frontières a constaté l'arrivée de 105 réfugiés irakiens et iraniens aux abords du port de Cherbourg. Les clandestins considèrent sans doute qu'il est plus facile de passer par Cherbourg que par Ouistreham ou Le Havre. »
Depuis le 14 septembre, une demi-compagnie de CRS, soit une trentaine d'hommes, est venue renforcer le dispositif de la police aux frontières. Le député avait d'ailleurs écrit à Nicolas Sarkozy dans ce sens. Le ministre de l'Intérieur vient de lui répondre. Un arrêté d'expulsion a bien été pris pour cette occupation illégale. « Une opération d'évacuation du squat pourrait rapidement être programmée. Les lieux seront maintenus en l'état, pour éviter toute réinstallation de clandestins. » Le ministre annonce également qu'une autre opération sera mise en oeuvre prochainement. Elle sera accompagnée de contrôles d'identité en ville et sur l'emprise du port de Cherbourg. « Les étrangers qui seront interpellés à ces occasions seront transférés vers le centre de rétention administrative de Toulouse où les mesures sont déjà prises pour l'accueil de ces étrangers. » Le ministre ajoute même qu'un avion du bureau de la Police aéronautique prendra en charge les transferts. Bref, l'État a décidé de mettre les moyens pour faire cesser cette situation. Dans un but avoué : « Apporter une solution à la pression migratoire constatée sur cette commune. »
Hier soir, une partie des étrangers commençait à évacuer le squat pour le port des Flamands.