Alors que la circulaire du 13 juin sur la régularisation des sans-papiers occupe le devant de la scène politique française, le collectif de l'Eure de soutien à Wei-Ying et Ming, aux mineurs et jeunes majeurs scolarisés sans-papiers ainsi que le collectif étrangers-français pour l'égalité des droits repartent en croisade. En effet, deux familles ébroïciennes, dont les dossiers de régularisation ont été rejetés, sont menacées d'expulsion. Deux pétitions de soutien sont lancées afin de les protéger.
La famille Belhout, d'origine algérienne, vit en France depuis 2001 avec ses six enfants. Elle a fui les violences qui ont ravagé ce pays. Dès son arrivée, elle a demandé sans succès l'asile territorial. Karima, 21 ans, a d'ores et déjà été arrêtée et mise en centre de rétention suite à une dénonciation. Pourtant, l'une de ses sœurs a acquis la nationalité française et l'un de ses frères, marié à une Française, réside en toute légalité sur le territoire. Leurs parents risquent d'être expulsés avec trois de leurs enfants encore mineurs, scolarisés à Evreux.
Augusto Da Silva, originaire de Guinée-Bissau, est arrivé en France en novembre 2003. Il a quitté son pays suite à un coup d'état militaire qui mettait sa famille en danger de mort. Sa demande d'asile a été rejetée. Il est père de quatre enfants dont trois sont scolarisés à Evreux. Le quatrième est handicapé. Son épouse vit clandestinement en Gambie. Sa demande de régularisation a été rejetée en août dernier alors que, selon les collectifs, il répond aux critères les plus restrictifs de la circulaire.
Dernier recours
« Pour la famille Belhout, un recours a été déposé la semaine dernière mais la situation reste fragile », expliquent les responsables des collectifs. « Et pour les Da Silva, un recours gracieux arrive à son terme. S'ils n'obtiennent pas de réponse du préfet d'ici le 24 septembre, ils seront expulsables. Selon les avocats, et pour ces deux familles, il ne reste plus qu'une seule solution : la mobilisation de tous. »
Deux cas jugés urgents puisque les familles ont reçu le courrier de refus de régularisation. « La situation est totalement paradoxale : parmi les critères de la circulaire, il y a la réussite scolaire alors que ces enfants sont contraints d'aller de ville en ville, rentrent de l'école pour rejoindre une chambre d'hôtel où ils vivent à quatre ou cinq ! Mieux encore, la lettre de refus de régularisation explique que ces familles seront expulsées pour le bien de leurs enfants. alors que leur retour au pays est synonyme de danger. »
Les collectifs vont bientôt demander à être reçus par le préfet mais appellent dès maintenant à l'élargissement de la mobilisation, notamment au sein des établissements scolaires. Selon eux, ces deux familles remplissent les critères de la circulaire et exigent des autorités qu'elles leur délivrent un titre de séjour définitif.