Canular ou réalité, l’existence de la forêt de Scissy fait toujours
débat. Certains pensent que la forêt de Scissy est un conte pour
enfants du même tonneau que la Belle au bois dormant. La maison de la
Baie tente d'y répondre.
D'autres sont convaincus de son existence passée, entretenant la
légende pour les touristes de la baie. Le mythe de la forêt de Scissy a
la vie dure car comme le dit l'adage populaire, 'Il n'y a pas de fumée
sans feu”. La maison de la baie de Courtils remet tout à plat grâce à
une excellente exposition. Simple et claire, elle décortique, en plein
air, la légende. Alors a-t-elle existé ? Oui et non.
L’image d’Epinal représentant des moines ou des chevaliers du temps du roi
Dagobert se promenant dans une épaisse forêt dominée par le Mont Tombe
et Tombelaine est une erreur de casting. Le décor planté est bon mais
dans la distribution des rôles, c’est plutôt à Yves Coppens,
anthropologue, qu’il aurait fallu confier l’affaire. La forêt de Scissy
a dû abriter des hommes vêtus de peau de bête, des groupes de chasseurs
qui vécurent la dernière époque glaciaire, il y a 10 000 ans.
Du côté de Saint-Jean
C’est la science et ses savants calculs qui ont cassé le mythe. Mais en
partie car la forêt a bien existé. Il subsiste encore des traces
visibles du côté champêtre de la baie à Saint-Jean-le-Thomas et dans le
marais de Dol-de-Bretagne. Les promeneurs peuvent y découvrir des
restes de bois fossilisés, appelés coérons. L’exposition de Courtils
explique également comment ce mythe, très symbolique, a été fabriqué,
véhiculé puis entretenu jusqu’à notre époque. “Cette légende est une
histoire religieuse mise en avant comme un fait historique”, explique
Jean-Yves Cocaign, responsable de la maison de la baie de Vains qui a
participé à la création de cette exposition à Courtils.
La légende, perpétuée par les moines copistes, mentionne l’existence de la forêt de Scissy comme étant contemporaine de la pose de la première pierre de l’abbaye du mont Saint-Michel. Mais au XVe siècle un moine va plus loin
en indiquant qu’en 709 un raz de marée gigantesque a balayé le bois,
laissant la place à du sable. Cette histoire n’est pas sans rappeler
celle du Déluge, l’église primitive, dédiée à saint Michel, perchée sur
le Mont Tombe faisant office d’arche de Noë. La peur d’un raz de marée
dans la baie hante ses habitants depuis des lustres. Certaines grandes
marées exceptionnelles ont entretenu cette crainte. Selon Jean-Yves
Cocaign, “La forêt de Scissy fait partie des mythes de régénération.
Une grande catastrophe arrive pour ramener la vie.” Une légende à
méditer en cette période de crise.
source : la presse de la manche