Le cabinet d'avocats Eden est spécialisé dans le droit des étrangers. A l'heure des parrainages républicains, à Rouen ou à Saint-Etienne du Rouvray, rencontre avec un homme de conviction, Maître Nicolas Rouly.
Comment en êtes vous arrivé à défendre le droit des étrangers ?
Nicolas Rouly : « Au départ, j'ai un intérêt particulier, mon grand-père était métis camerounais. J'ai vécu à Dreux où, malheureusement. Je dois beaucoup aux immigrés du quartier populaire où j'ai grandi. C'est donc un juste retour des choses. J'ai donc des convictions. La réalité, c'est la précarité des étrangers en France : précarité du séjour, précarité des conditions de vie. Par exemple, l'interdiction de travailler. Il y a aussi une part de hasard. Le premier dossier que j'ai défendu concernait des ressortissants tchétchènes. Nous avons gagné. D'autres ont suivi. Petit à petit, la confiance s'est instauré. Avec les étrangers, les associations. »
Comment et pourquoi est né le cabinet Eden ?
N. R. : « Notre cabinet a été créé par trois avocats : historiquement Me Madelin, Me Falacho et moi-même. Nous ne sommes pas spécialisés, précisément, dans le droit des étrangers mais ce domaine constitue 70 % de notre activité. Le reste se partage, plus classiquement, entre le droit administratif, le droit de la famille et le pénal. Ma formation, c'est le droit administratif et le droit des étrangers en relève. Je connais le fonctionnement et les règles des administrations. J'ai fait Sciences Po et la Sorbonne, ce qui m'aide également. »
Votre travail au quotidien ?
N. R. : « Nous recevons chaque jour entre 5 et 25 sans-papiers, accompagnés par un ami, de la famille, une asso. C'est énorme. Le préfet estime leur nombre à 45.000 en Haute-Normandie pour 200.000, officieusement, en France. Depuis la création d'Eden, en novembre dernier, nous avons traité plus de 1.000 dossiers. Chaque dossier est différent, c'est une histoire personnelle : regroupement familial, asile politique, mais beaucoup pour des maladies, une opération médicale. Je voudrais juste dire que je déteste le mot clandestin. Les sans-papiers ne se cachent pas. Sinon, on ne les connaîtrait pas ! Quand à leurs origines, c'est la cartographie des conflits et de la misère. »