Boujou
Vu l'actualité baleinesque de la Hague, et byin voila:
Le crapois Normand
, c'est le nom que donnaient nos ancétres aux cétacés, dauphins, marsouin, phoques et autres mamiphéres marins.
Le destin des Normands et du crapois est resté lié pendant de longues années. Parlons ici de cette pêche dite des "terriens". Il n'est pas encore question des baleiniers de Fécamp, Dieppe, Le Havre.
Dés le Moyen-Age, les cétacés sont chassés par nos aïeux pour l'huile.
Michelet citait: Le poisson la donne par gouttes, le phoque par flots et la baleine par montagne.
De ces créatures marines, on extrayait l'huile pour l'éclairage des édifices publics et religieux. L'huile du marsouin était particuliérement appréciée des ecclésiastiques car une fois consummée, elle produisait une lumiére trés blanche et sans fumée.
Par ailleurs, la viande de cétacé était trés appréciée à Paris et à Londres. Les marchands rouennais en étaient les principaux vendeurs.
Dés le VIIème siècle, Saint Filibert, fondateur de l'abbaye de Jumiége, aurait décidé du lieu de construction de l'édifice par rapport aux "bêtes marines" présentes dans l'estuaire de la Seine. Cette abbaye jouissait d'ailleurs du privilége de s'approprier tous les poissons dits "de lard" pris sur les bancs de Quillebeuf.
D'autres abbayes comme Fécamp, Caen, Montebourg détenaient des droits sur le crapois accordés par les premiers ducs de Normandie.
Ces abbayes se partageaient le privilége de la capture des crapois à Cabourg et à l'embouchure de la Dive ou existait une société de baleiniers. Pour sa part l'abbaye de Cerisy disposait carrément de deux navires destinés à la pêche du poisson de lard au large de la côte Est du Cotentin, vers Saint Marcouf.
La pêche parait avoir eu son apogée fin XIème, début XII ème. Elle était principalement pratiquée dans les estuaires de La Saire, La Dive, La Seine et La Bresle, et sur des gréves découvrant largement, vers le Mont Saint Michel et la côte du Bessin.
Le 7 aout 1636, les moines de l'abbaye du Mont retirait d'un "chaudron" (globicéphale) six charretées de lard et de viande dont une partie fut donnée aux habitants du Mont.
Un autre chaudron fut pris dans le Couesnon le 24 Juin 1646. L'animal fut salé et permit de nourrir les valets des moines.
La technique employée par nos anciens était la suivante: Aux estuaires: les marins étaient embarqués, en mer, et faisaient peur au crapois en tapant la mer à l'aide de rames, planches. Le crapois pris au piége par le nombres d'embarcation remontait l'estuaire , puis la riviére jusqu'au "comité d'accueil".
Sur la gréve : Le principe d'apeurer le crapois était le même, afin que ce dernier terrisse et soit piégé par les barrages de deux ou trois métres de haut construits sur la gréve.
Ce mode de pêche fut observé en Scandinavie à la préhistoire, au Moyen-Age jusqu'au XVIème sur nos côtes et sur le Saint Laurent et au Quebec vers 1700.
Tantôt