Pas plus de leucémies près des sites nucléaires

Dans leur étude, deux chercheuses de l'Inserm concluent que la proximité des sites nucléaires n'a pas d'incidence sur la leucémie de l'enfant.
Existe t-il une incidence des leucémies de l'enfant vivants à proximité des sites nucléaires · C'est la question posée par deux chercheuses de l'Inserm, Jacqueline Clavel et Anne-Sophie Évrard. Jeudi soir à Cherbourg, elles présentaient leur étude, débutée en 1997. Avec un luxe de précautions oratoires : « Les facteurs de risques connus sont très nombreux et n'expliquent que 5 % des cas », estime Jacqueline Clavel. De la leucémie des enfants on sait simplement que les cas sont bien plus nombreux dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, et que le pic de la maladie touche des bambins âgés de 2 à 3 ans. On imagine aussi que les rayonnements ionisants, l'utilisation de pesticides domestiques, la pollution atmosphérique, le tabac passif, les champs électriques et magnétiques, mais aussi les mouvements de population peuvent être des facteurs déclenchant. Mais sans aucune certitude : « en dehors de toute situation de crise, la sensibilité des enfants in utero serait différente selon les sujets. »

Pour effectuer leur étude, les deux chercheuses sont parties de l'observation d'excès de cas de leucémies de l'enfant, autour de sites comme Sellafield en Angleterre où l'on retraite des déchets nucléaires, ou a contrario comme la Hague, « où il n'y a aucune incidence confirmée ». Pour en avoir le coeur net, elles ont étudié systématiquement les doses de rayonnement émis à proximité des sites nucléaires. Les rejets radioactifs gazeux de 29 sites nucléaires Français, dont 19 centrales, dans un rayon de 20 km, ont été passés à la loupe. Ceci sur période de 21 ans, de 1990 à 2001. Durant ce laps de temps, 5 334 cas de leucémie ont été constatés en France, dont 922 autour des installations nucléaires. Ni plus, ni moins qu'ailleurs. Leur constat, en fonction de la météo et des vents dominants : « Les doses de rejets enregistrés autour des sites nucléaires, sont 1 000 à 10 000 fois inférieures au rayonnement naturel. » Conclusion : compte tenu du faible niveau de doses, « il n'y a pas de tendance de l'incidence des rejets sur les leucémies de l'enfant. »

L'étude est donc rassurante. Mais les chercheuses n'ont pas oublié d'en fixer les limites. La hauteur des cheminées des sites n'a pas été prise en compte, ni leurs rejets liquides. Pour autant, la même méthode a été utilisée pour tous les sites nucléaires, et « les données météos sont fiables ».