Les articles parus dans l'Express (objet de ce topic...). Ceux qui n'ont pas lu pourront ainsi lire et se faire une idée. Personnellement, j'y ai trouvé des choses assez positives tout de même... Bienvenue chez les NormandsLe paysPar Jacques Trentesaux, mis à jour le 13/10/2008 11:10:43 - publié le 06/10/2008 18:33
Honfleur de toutes les couleurs Avec ses 3 à 3,5 millions de touristes par an,
Honfleur est la 13e ville la plus visitée de France. C'est aussi l'une des icônes de la Normandie, avec son célébrissime Vieux Bassin, ses étroites rues pavées ou son église Sainte-Catherine, toute de bois.
Ici, on cultive les valeurs d'authenticité et de discrétion... en se gaussant de la grande rivale voisine. "A Deauville, c'est snob, ose l'un des deux bouchers honfleurais. Ils se montent un peu les épaules." Certes, Honfleur demeure une bourgade vivante de 8500 habitants; son port se développe dans le commerce du bois exotique et une vingtaine de marins continuent de pêcher la crevette grise -la spécialité locale- ou la coquille Saint-Jacques. Mais elle ploie quand même sous sa réputation écrasante de "cité des peintres". Les galeries l'ont envahie. Et la municipalité n'hésite pas à rémunérer quelques artistes de rue pour soigner son image... et satisfaire le badaud.
Car
Honfleur est avant tout le berceau de l'impressionnisme. C'est ici que Turner, Corot, Huet, Jongkind, Boudin ou Monet sont venus capter la lumière de l'estuaire. C'est ici qu'ils ont inventé la peinture de plein air qui a fait leur gloire. C'est à deux pas,
dans la célèbre auberge de la mère Toutain, qu'ils ont ripaillé et bâti leur légende... A l'office du tourisme, Clémence Frémont prend toutefois soin de souligner que "sa" ville ne se limite pas aux peintres. L'humour est aussi à l'honneur avec ses deux festivals, dont l'un consacré au Honfleurais Alphonse Allais. Le compositeur Erik Satie a aussi eu la bonne idée de voir le jour en ville. Sur le tard, Honfleur s'est employée à le célébrer en aménageant sa demeure natale. De quoi élargir un peu plus la cible des touristes.
A qui le Mont-Saint-Michel ?"Pour respecter la vérité et lutter contre les velléités révisionnistes des Bretons, unissons-nous pour le Mont-Saint-Michel en Normandie."
La querelle de la paternité du mont mythique se poursuit aujourd'hui sur Facebook. Un conflit interminable, insoluble...
et un peu dérisoire. Avec ses 3 millions de visiteurs annuels, la "merveille de l'Occident" appartient -outre à la Manche- à l'humanité tout entière. Il n'empêche ! La vieille rivalité trouve là un motif toujours renouvelé !
Le Havre: merci, l'UnescoDepuis son inscription, en 2005, au Patrimoine de l'Unesco, celle qu'on surnommait "Stalingrad-sur-Mer" est devenue remarquable. Et l'architecte Auguste Perret, son héros. Depuis un an, un appartement témoin lui est même consacré, qui vante les mérites du béton, la luminosité des intérieurs et la ligne épurée du mobilier. Avec cette consécration, le port du Havre pouvait s'inventer un avenir. L'aménagement des docks et la réappropriation par la ville des anciens bassins portuaires y participent. Mais Le Havre voit plus loin. La ville rêve de redevenir une cité balnéaire. Elle met en avant sans sourciller son pavillon bleu, son port de plaisance, et nourrit l'ambition de s'ériger, dès 2012, en tête de ligne de croisières internationales. Un musée consacré à l'odyssée des transatlantiques sera inauguré à proximité. Une jolie réconciliation avec l'Histoire.
Cimetière avec vue"C'est en face de la mer que nous finirons nos existences et que nous irons dormir pour entendre encore au loin son éternel murmure." L'épitaphe ornant la tombe du compositeur Albert Sorel résume toute la magie des lieux. Accolé à la célèbre petite église, le cimetière marin de Varengeville-sur-Mer est un endroit unique, imprégné d'une douce mélancolie. Ses tombes font face à l'immensité bleu-vert de l'océan, qui se déploie 80 mètres plus bas. Quelques pépites attendent le voyageur attentif. La sobre tombe de Georges Braque, tout d'abord, surmontée d'une mosaïque reprenant le célèbre oiseau du peintre. Mais qui verra, inscrit sur le côté gauche du monument, le nom de Mariette Lachaud, la fidèle gouvernante que certains disent avoir été la fille illégitime de l'artiste? A deux pas, Jacques Antoine Danois jouit du repos du guerrier. Ce grognard a traversé sans périr -bel exploit!- toutes les campagnes napoléoniennes. "Il a su défendre le sol qui le recouvre", lit-on sur sa tombe.
Ecrivains et peintres n'ont cessé de vénérer cet écrin et, plus largement, cette Côte d'Albâtre qui relie l'estuaire de la Somme à celui de la Seine sur 140 kilomètres. De vanter ces falaises et le contraste saisissant des couleurs, entre la blancheur de la craie, le vert des prairies grasses et le dégradé bleu des cieux et de l'eau.
Le pont de l'unionIl a fière allure, ce pont à haubans qui enjambe la Seine à 50 mètres de hauteur. Doté d'un élégant tablier en forme d'aile d'avion renversé pour laisser moins de prise au vent -l'ennemi terrible- cet édifice bien nommé devait aussi incarner le rêve d'une Normandie réunifiée.
Treize années ont passé, et la réunification n'a pas eu lieu. Les trois quarts des Normands y sont favorables, mais les élus tergiversent. Aucun ne semble disposer de l'envergure nécessaire pour réaliser ce projet. Les riverains du pont, eux, profitent de l'aubaine pour se rendre de "l'autre côté de l'eau"- malgré le tarif élevé de chaque traversée (3 euros pour les abonnés). Quelques centaines de Havrais ont carrément élu domicile à Honfleur, distante de vingt-cinq minutes en voiture, tout en continuant de travailler dans le grand port seinomarin. S'il n'a pas entraîné l'effet magique escompté, le pont de Normandie est donc quand même parvenu à relier un peu plus les deux rives.
La culture Par Jacques Trentesaux, mis à jour le 13/10/2008 10:13:57 - publié le 06/10/2008 18:32
Pour l'amour du chevalDifficile d'imaginer symbiose plus parfaite entre une région et un cheval. A elle seule,
la Normandie produit un tiers des chevaux de sang de France et la moitié des chevaux de course. Dans ses prairies bien grasses, les plus grands champions mondiaux ont gambadé. Mais attention! Quand le Calvados et l'Orne sont plutôt dévolus aux courses -les premières compétitions furent organisées à Caen en 1837- la Manche est, elle, spécialisée dans le cheval de selle. Celui qui excellera dans le saut d'obstacles, l'attelage ou le dressage.
Au Haras national de Saint-Lô (Manche), on cultive l'amour de l'équidé depuis 1806. Ici, on a tout d'abord fourni les juments pour la remonte des armées, puis des animaux pour les diligences postales, les fiacres ou les omnibus hippomobiles... Centre d'étalonnage, on y assure toujours la conservation et l'amélioration des races ou la reproduction des futurs cracks. Mais cette activité stratégique se pratique de plus en plus en partenariat avec le secteur privé. "Ici, chaque commune possède son éleveur, indique Laurent Vignaud, directeur du site. La densité crée l'émulation qui engendre les champions."
De la pointe de la Hague au sud du Cotentin, la précieuse semence des étalons est recueillie pour être ensuite livrée -parfois jusqu'à La Roche-sur-Yon (Vendée) -et inséminée par dose auprès de 10 à 15 juments. Le Haras de Saint-Lô possède encore 65 étalons, de 5 à 6 ans d'âge en moyenne, dont les deux cracks First de Launay et Flipper d'Elle. "Malgré ses 26 ans, le doyen Qredo de Paulstra continue de "monter" tous les deux jours", sourit Laurent Vignaud, en caressant la croupe de l'animal. Comme tous les haras nationaux, celui de Saint-Lô s'ouvre sur l'extérieur. Voici quelques jours, il organisait une nouvelle édition du Horse Show de Normandie. Une manifestation sportive et ludique de grande ampleur, qui surfe sur l'engouement du public pour le cheval. Un Français sur deux ne soutient-il pas qu'il aimerait en posséder un?
Ma chère chaumièreCe fut longtemps un abri de misère, sale et obscur. Mais
aujourd'hui, la chaumière à colombage suscite un engouement sans précédent. Tout le monde ne jure que par cet habitat en matériaux naturels. Les artisans ne parviennent pas à répondre à la demande;
les prix de vente s'envolent; et les candidats à l'autoconstruction se multiplient. Pour preuve: les stages d'initiation proposés par la Maison du parc des Boucles de la Seine (réalisation du torchis, d'enduit à la chaux, taille de silex ou d'ardoise, levée de bauge...) ne désemplissent pas.
Véronique Bocquet peut témoigner de cette effervescence. Cette architecte urbaniste, rattachée à la Maison du parc, passe le plus clair de son temps à conseiller les particuliers dans leur projet d'écoconstruction ou de réhabilitation à l'ancienne. "La terre et la pierre sont des matériaux adaptés à une habitation principale parce qu'ils sont plus longs à réchauffer ou à refroidir, indique-t-elle. Le bois, lui, est recommandé pour une résidence secondaire.
Quant au pouvoir isolant du chaume, il n'est plus à démontrer... à condition d'en poser au moins 40 centimètres d'épaisseur."
Véritable gardienne de l'âme normande, la chaumière à colombage n'est pourtant présente que dans un tiers environ de la région. Essentiellement dans l'Eure, le pays de Caux ou le pays d'Auge.
A Caen, la pierre blonde ("jaune beurre", selon les autochtones) domine; dans le
Cotentin et le sud de la Manche, le granit et le grès façonnent l'habitat. Il n'empêche! Cette bâtisse est l'un des plus forts symboles de la Normandie éternelle. Les plus anciennes n'ont-elles pas été datées de 4600 ans avant Jésus-Christ?
Le camembert, le vraiLe 5 juin 2008 restera gravé dans les mémoires des petits producteurs du camembert au lait cru. Ce jour-là, l'Institut national des appellations d'origine a tranché en leur faveur. Désormais, le recours au lait cru est la seule possibilité pour se prévaloir de la fameuse AOC "camembert de Normandie". Mieux ! Il faut aussi faire brouter ses vaches dans des pâturages normands et le troupeau doit être composé pour moitié de bêtes de race locale. Les industriels Lactalis et Isigny Sainte-Mère, qui réclamaient de pouvoir chauffer le lait à plus de 37°C pour des questions sanitaires -mais aussi pour réduire de 30% le coût de fabrication- ont vu leurs demandes retoquées. La Normandie a sauvé son emblème gastronomique par excellence.
A la ferme de la Héronnière, dans le minuscule village de Camembert (Orne), Nadia et François Durand savourent leur victoire. Ce couple s'est toujours efforcé de produire son fromage dans les règles de l'art. Ce matin, comme tous les jours, François moule son lait caillé à la louche dans une température étouffante de 32°C. Pour ses 450 camemberts fermiers quotidiens, il effectuera les cinq passages traditionnels à 40 minutes d'intervalle. Soit 2250 fois le même geste. Un sacerdoce! "Si c'était à recommencer, je ne le referais pas", reconnaît-il. Beaucoup de sueur, un gain modeste. Mais la satisfaction de concocter un produit à nul autre pareil.
Pionniers des bains de merOn le sait peu, mais c'est à Dieppe que naît le tourisme balnéaire. En 1824, exactement, lorsque la duchesse de Berry, belle-fille de Charles X, y séjourne pour la première fois. Jusqu'alors, les aristocrates se rendaient à la mer pour la voir, non pour s'y baigner. La duchesse, elle, institue le rituel des bains. Chacune de ses baignades constitue d'ailleurs un événement salué par un coup de canon! La duchesse de Berry entraîne dans son sillage une partie de la cour et de nombreux artistes, tel le compositeur Rossini.
A l'origine, les bains de mer étaient à visée purement médicale. Mais, très vite, la dimension loisir l'emporte. On se rend à la plage, on danse, on écoute des concerts. Toute une vie mondaine se développe. L'activité balnéaire gagnera la Côte Fleurie dans les années 1840. D'abord à Trouville, un village de pêcheurs, puis à Deauville, une création construite ex nihilo à partir de 1861 sur un terrain marécageux. Le second Empire marquera le règne d'or du tourisme balnéaire et la Normandie en profitera grandement.
À savoirmis à jour le 13/10/2008 11:19:28 - publié le 06/10/2008 18:33
Caractère - P'têt ben qu'ils sont...Rendue publique en 2006, une étude du comité régional du tourisme met en avant les principales spécificités des Normands. Ceux-ci seraient :
- individualistes forcenés et fondamentalement terriens ;
- énergiques et ayant le culte de la valeur travail ;
- légalistes et attachés aux traditions ;
- prudents et manquant de confiance en eux ;
- calculateurs, pudiques ;
- accueillants par degrés.
Météo - « Y r'pleut ! »« On a beaucoup exagéré avec le climat de la Normandie. J'y suis allé trois fois cet été, il n'a pas neigé une seule fois. » La blague de Coluche n'a pas pris une ride.
La région souffre d'une triste réputation. Les pluies normandes furent évoquées par les Anglais, dès le XVIIIe siècle, comme un élément identitaire. D'ailleurs,
le dialecte local ne compte pas moins d'une quarantaine de mots (chialée, vouéchie, brouasse...) pour décrire les nuances des ondées.
Cette sinistre notoriété serait-elle exagérée ? Un peu, puisque le Finistère détient la palme du département le moins favorisé, selon Météo France. Mais la Normandie n'est pas très loin. Avec une mention particulière pour la Manche (86e) et la Seine-Maritime (81e). Ne surnomme-t-on pas Rouen le « pot de chambre de la Normandie » ?
Hymne - « J'irai revoir ma Normandie »Quand tout renaît à l'espérance,
Et que l'hiver fuit loin de nous,
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux,
Quand la nature est reverdie,
Quand l'hirondelle est de retour,
J'aime à revoir ma Normandie !
C'est le pays qui m'a donné le jour.
(Première strophe de la chanson de Frédéric Bérat, composée en 1836 et qui fit sa fortune.)
à lireHistoire de la Normandie des origines à nos jours, par Roger Jouet et Claude Quétel, Larousse.
Paysans de Normandie, par Armand Frémont, Flammarion, 2007.
Les Editions Charles Corlet publient des ouvrages sur la Normandie dans tous les domaines : littérature, histoire, jeunesse, régionalisme... A noter la collection Terroir normand, composée de nombreux récits autobiographiques et historiques. Condé-sur-Noireau (Calvados), 02-31-59-53-80, www.corlet-editions.fr
Au fil de la Normandie, trimestriel haut de gamme « à l'humeur vagabonde » ; www.normandie-aufil.fr
source : http://www.lexpress.fr/region/la-culture_584291.html?p=2 et http://www.lexpress.fr/region/le-pays_584292.html et enfin http://www.lexpress.fr/region/n-a-savoir_584294.html