Ken Tatham, qui se présente comme "le seul maire anglais de France",
vise un troisième mandat à la tête de son village de
Saint-Céneri-le-Gérei (Orne) mais se lance aussi, pour la première
fois, dans les élections cantonales."Comme je suis à la retraite
depuis un an, j'ai du temps pour relever ce nouveau challenge",
explique avec un léger accent Ken Tatham, 62 ans, candidat sans
étiquette -bien que membre du Nouveau centre- à Alençon 1, le plus
peuplé des cantons de l'Orne avec près de 20.000 habitants.Courte
barbe et cheveux blancs, vêtu d'un costume gris sur un pull noir, M. le
maire croit en ses chances face au socialiste Joaquim Pueyo, à la tête
du canton depuis 19 ans, candidat à la mairie d'Alençon et directeur du
centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (Essonne), le plus grand
d'Europe.Né à Alençon d'un père espagnol, Joaquim Pueyo, estime
aussi que le fait d'avoir "des origines diversifiées et hétérogènes est
une richesse, mais qui ne détermine pas forcément la valeur de l'élu ou
du citoyen"."Nous sommes dans un monde ouvert et c'est un plus
d'avoir dans notre corps de maires de l'Orne un maire anglais", se
félicite également Alain Lambert, président UMP du conseil général de
l'Orne, sénateur et ancien ministre du Budget de Jean-Pierre Raffarin,
mais aussi conseiller municipal à Saint-Céneri.Originaire de
Leeds, dans le nord de l'Angleterre, Ken Tatham vit depuis 40 ans dans
ce bourg de 140 habitants blotti dans un méandre de la Sarthe et classé
parmi les 100 plus beaux villages de France.Il s'y est marié, y
a tenu un restaurant puis un centre d'appel, est entré au conseil
municipal avant d'en devenir en 1995 le maire, grâce à l'obtention deux
ans plus tôt de la nationalité française."Dans les villages, les
maires maintiennent le lien social, alors qu'il n'y a plus
d'instituteur, plus de notaire, plus de curé", juge-t-il, en expliquant
aimer le côté social de la fonction.Après le réaménagement du
coeur du bourg, qui lui a pris 13 ans -"le premier mandat ça a été pour
apprendre, le deuxième pour faire"- M. Tatham souhaite valoriser le
patrimoine de son village, comme cette ancienne auberge fréquentée par
les peintres Courbet ou Corot.Pour gagner ces élections, Ken
Tatham mise aussi sur sa popularité auprès des médias. "Pour accomplir
des projets il faut communiquer et le fait d'être le seul maire anglais
de France me vaut une importante couverture médiatique", témoigne-t-il.
source afp