On le croyait presque disparu, mais l'âne, qui s'avère être un fidèle animal de compagnie, retrouve la côte. On en trouverait 7 000 dans le département.
Un petit coup de museau, tout doux, sur le bras de son propriétaire. « Voilà, je caresse Pomponnette, alors Jéricho est jaloux, » s'amuse Clément Goueslard. Des chiens ? Non, des ânes. Ils sont quatre, chez ce charmant grand-père de Mobecq, à vivre paisiblement dans le champ qui jouxte la maison. Pourtant, il y a 15 ou 20 ans, il devenait bien rare de croiser, au détour d'un chemin, un âne brouter paisiblement. « Au début du siècle, ils étaient utilisés dans les petites fermes qui n'avaient pas les moyens d'acheter un cheval pour transporter le lait de la traite, relate Jacky Lejamtel, membre de l'association Ânes du Cotentin et propriétaire de 12 d'entre-eux. On l'appelait d'ailleurs le cheval du pauvre. Dans les années 60, on les attelait même pour participer aux travaux des champs. » Mais la mécanisation est passée par là. Si bien « que l'on ne trouvait plus beaucoup d'ânes dans la Manche, pourtant le département qui en compte le plus. » D'une population de 9 000 en 1930, ils ne sont plus que 5 000 dans les années 70. « Les gens n'en avaient plus l'utilité, tout simplement. »
L'association Ânes du Cotentin, en faisant reconnaître cette race à la robe grise et à la croix de Saint-André noire sur le dos, en 1997, a redonné un nouveau souffle à toute l'espèce, dont on compterait au moins 7 000 membres actuellement. « Aujourd'hui, il est acheté comme un animal de compagnie, pour faire du tourisme vert. On met des enfants sur son dos, des baguages... C'est l'image d'un chien : fidèle et gentil ! » Clément Goueslard a acheté les siens en 1992, pour le plus grand bonheur de ses petits-enfants qui profitent régulièrement des balades en carriole. « J'en avais chez mes parents quand j'étais jeune, relate l'octogénaire. Et quand je suis arrivé en retraite, j'ai eu envie d'en avoir de nouveau, pour passer le temps. Ils sont vraiment sympas, le mâle castré, Jéricho, c'est un vrai pot de colle ! » Reste un vieil adage contre lequel luttent âprement les défenseurs des ânes : « C'est un animal très intelligent, insiste Jacky Lejamtel, ni bête ni méchant. Il réfléchit seulement avant d'agir et il lui arrive de se bloquer devant l'imprévu. » Son seul défaut avéré : la gourmandise...
source : ouest france/