Depuis la fermeture de Sangatte, Cherbourg est confrontée à l'arrivée de clandestins sur le port. Une cinquantaine sont en attente d'une solution.
Le port de Cherbourg est sous tension depuis le début de l'été. « Les clandestins savent que le trafic transmanche est plus important en été, alors ils viennent », assure Pascal Besuelle, président du Collectif contre le racisme. On a dénombré jusqu'à 70 clandestins au début du mois de juillet. Le campement cherbourgeois est actuellement occupé par une cinquantaine, surtout des hommes, dont les origines sont de plus en plus variées : irakiens, kurdes, afghans, somaliens.
Cette situation met tout le monde à cran : « Il faut que les gens puissent travailler sereinement sur le port. Ce que nous demandons, ce sont des forces de l'ordre supplémentaires pour assurer la sécurité du port », dit Marie-Thérèse Chauvin, de Brittany Ferries à Cherbourg. Responsable de l'exploitation du port, Serge Henry confirme : « On a le sentiment de se substituer à l'État et d'assurer à sa place sa mission de surveillance. » Bernard Cazeneuve, le député-maire de Cherbourg, estime, de son côté, qu'« il y a un manque évident de moyens humains et l'Etat n'a pas encore répondu à notre demande ». « L'arrivée de la gale sur le campement est la seule chose qui a fait réagir la préfecture, avec une opération sanitaire et un crédit de 5 000 € alloué », réagit Pascal Besuelle.
« Un travail en Angleterre »
De l'autre côté de la barrière, il y a des hommes et des vies. « Nous avons honte quand les gens passent devant notre camp. On ne peut pas revenir en arrière. Ici, en France, il n'y a rien pour nous. C'est plus facile d'avoir un travail en Angleterre. C'est pour cela qu'on veut partir », explique un clandestin iranien dont la famille est restée au pays.
« On veut bien reconnaître que les clandestins posent un problème de sécurité sur le port, poursuit un représentant du Collectif contre le racisme, mais ce ne sont pas des compagnies de CRS qui vont régler le problème de fond. Les clandestins partiront peut-être de Cherbourg mais ils iront dans les autres ports français où il y a des liaisons transmanche. »
Comment régler le problème ? « L'État ne les reconnaît pas, ce sont des fantômes, poursuit Pascal Besuelle. Pourtant la solution ne peut venir que de lui. Le mieux serait d'élargir le droit d'asile, de renégocier des accords avec le Royaume-Uni. » Selon Bernard Cazeneuve, « le problème doit être réglé au niveau européen. Bruxelles doit adapter une charte pour permettre de juguler les flux ».