Il n'y a plus aucun doute : l'explosion est d'origine criminelle. Les policiers de la Sûreté départementale ont désormais acquis la certitude que l'incendie de la station-service, survenu dans la nuit de vendredi à samedi à Sotteville-lès-Rouen, est un acte malveillant.
« Au début, on aurait pu penser qu'il s'agissait d'un incendie volontaire de voiture qui a mal tourné. En réalité, les auteurs savaient ce qu'ils faisaient. Ils ont voulu délibérément faire péter la station ! », confie une source judiciaire.
Les premières constatations révèlent qu'une voiture, l'Opel de la fille du pompiste, était stationnée dans l'enceinte de la station. « C'est elle qui a été incendiée, puis le feu s'est propagé à une palette de pneus usés, située à quelques mètres. Ce n'est qu'ensuite, avec les flammes et la chaleur, que les bouteilles de gaz entreposées dans un casier ont explosé et que l'établissement et les maisons adjacentes se sont embrasés.
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Alors se posent des questions : qui ? Et pourquoi ? A la première interrogation, les enquêteurs de la brigade criminelle ne sont pas encore parvenus à donner une réponse. « Sur le second aspect des choses, même s'il faut rester prudent car nous n'en sommes qu'au début des investigations, nous pensons qu'il s'agit d'un acte gratuit. C'est-à-dire que les auteurs n'en voulaient pas au pompiste, ni à sa famille. Ils ont tout simplement voulu « s'amuser » et observer le spectacle. »
Reste à savoir si les auteurs avaient l'intention de blesser ou de tuer. Car, de toute évidence, Sotteville-lès-Rouen a échappé au pire ce week-end. Pierre Bourguignon, député-maire, et Mathieu Lefebvre, sous-préfet, présents sur les lieux au moment des faits, n'hésitent pas à parler de miracle. Une demi-heure avant que la première détonation se fasse entendre, la place de l'hôtel de ville, située à quelques mètres de la station Total, était noire de monde. Quelque 15 000 personnes participaient au bal populaire, donné à l'occasion de la fête nationale du 14 juillet.
« Cette explosion aurait pu être une véritable catastrophe.
Quand on voit que certaines bouteilles de gaz ont été projetées à plus de 300 mètres avec une violence inouïe, que des débris ont volé, que des boules de feu de dix mètres de haut se sont formées, on se dit qu'on est passé tout près d'un drame », commente le lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers, Pascal Dolbeau.
Aujourd'hui et dans les prochains jours, l'enquête des policiers de la sûreté départementale va se poursuivre. Des investigations techniques sont encore nécessaires. Une fois le rapport d'expertise rendu, une information judiciaire devrait être ouverte par le procureur de la République de Rouen et confiée à un juge d'instruction.