nouvelle maison d'edition normande

http://leventquipasse.free.fr/

Pouvez-vous brièvement nous faire un historique de votre maison d’édition ?

Le vent qui passe est née en 2003 à la suite d’un constat: il était difficile pour moi auteur et photographe de travailler avec des éditeurs qui prenaient rarement en considération mes intentions soit parce qu’ils ne les comprenaient pas, soit parce qu’ils se sentaient particulièrement imbus de leurs attributions. Avec des amis nous avons donc constitué une association à vocation d’édition. Aujourd’hui, je réalise mes livres de A à Z avec les contraintes, les soucis commerciaux et pécuniaires que cela impose.

On parle bien souvent d’éditeurs régionaux pour qualifier les personnes qui ont fait le pari de faire des livres dans notre région. Vous considérez vous comme un éditeur régional ? Ce vocable a-t-il un sens pour vous ? Le fait d’être situé en Basse-Normandie vous apporte-il des avantages ou des inconvénients ?

Nous arrivons prochainement à la seconde étape . C’est-à-dire que normalement, le vent Qui passe devrait éditer des ouvrages autres que les miens dans les mois à venir. Que je sois un éditeur régional, je m’en moque… Il se trouve que ce sont souvent les structures officielles qui qualifient les genres. Par exemple au salon du livre de Caen, les auteurs invités par le CRL (Centre Régional des Lettres de Basse Normandie) sont dans l’espace, placés à part, et leurs auteurs sont également à part, dans le catalogue… je ne sais pas si cela est une bonne ou une mauvaise chose, mais c’est un fait..
Le vent Qui passe est situé dans l’agglomération de Cherbourg, c’est à dire loin de instances régionales et cela est un handicap certain. La curiosité et l’intérêt semblent s’arrêter aux limites du Calvados. Il faut décupler son énergie pour se faire connaître.. reconnaître!


Editer des livres aujourd’hui a-t-il encore un sens ? Pouvez-vous nous exposer brièvement votre ligne éditoriale ?
Les livres ont toujours une place de choix dans le coeur et l’esprit des gens. C’est un objet que l’on palpe, que l’on ouvre, que l’on feuillette que l’on hume… Il est chargé d’affects et fait partie de nous… On en aura encore besoin pendant très longtemps… même si cela n’exclut pas une grande révolution médiatique… mais ce n’est pas encore pour les prochaines décénnies…

On voit fleurir via internet l’édition “on demand” avec un florilège de site du type editezvotre livre.com, manuscrit.com, auto-edition.com, etc.
et sutout l’américain Lulu.com dont le créateur Bob Young, (créateur également de la distribution Linux, Red Hat) déclare que “nos auteurs gagnent plus d’argent avec Lulu qu’avec les maisons d’édition traditionnelles”. Comment abordez-vous ce nouveau phénomène de distribution quasi sans intermédaires alors que vous vous situez plutôt dans une approche traditionnelle de l’édition avec ses circuits de ventes habituels ?

Je crois qu’il s’agit davantage d’un service purement commercial d’autoédition…. on fait fabriquer son livre en payant.. le lecteur commande son exemplaire par internet: c’est alléchant mais, pour l’instant, je ne pense pas que la vente de livres virtuels représente un véritable avenir… les exemplaires imprimés que l’on peut acquérir sont très chers… Pour que ce système fonctionne il faudrait qu’il puisse bénéficier des mêmes campagnes médiatiques que les livres des grandes maisons d’éditions… or c’est loin d’être la cas. Un éditeur régional qui travaille sur le terrain, dans les salons du livre ou auprès des librairies …des médiathèques etc… qui se construit son lectorat au fil des années, est de loin plus réaliste…. Cette technique est encore très neuve… elle évoluera mais son efficacité réelle n’est pas encore pour demain.

Vous avez récemment décidé de mettre en place un site internet. Comment abordez-vous ce nouveau moyen de médiatisé les livres ?
Que peut signifiez pour vous, maison d’éditions, d’avoir un site alors que des géants comme Amazon, Fnac.com, Alapage.com sont déjà sur le marché ?
Ne pensez vous pas que les maisons d’éditions à terme vont appliquer les stratégies que tentent de mettre en place les labels alternatifs de musique ?

Même en ayant un site de vente, ces grandes structures vendent également nos livres. Je pense que ce sont davantage les libraires qui ont à craindre de ces sociétés… libraires qui, pour une grande part (pas tous heureusement !) sont plutôt durs avec les petites éditions. Le livre édité en région est souvent jugé comme produit négligeable… or la demande “du-livre-qui-parle-de-sa-région” est croissante… On peut le constater par le succès des salon du livres dans les petites villes, à la campagne. De nombreuses personnes qui ne fréquentent pas les librairies habituellement viennent faire le plein de culture à cette occasion. On les retrouvent sur Internet également. La vente par correspondance a de beaux jours devant elle. Ce sont les clubs du livre (Le grand livre du mois, France Loisirs,etc.) revisités.

Internet, le mp3 et le succès de l’iPod ont donné un second souffle aux livres audios. On voit par exemple des site comme Audible.com proposer des abonnements à leurs clients.On passe d’une culture de l’achat à l’acte à la culture du flux (modèle développé par les chaînes de TV à péages, les vidéo-clubs on line, etc.). Cette problématique de l’abonnement est d’ailleurs en discution au sein des Majors de l’industrie phonographique pour enrayer le piratage de la musique et pour trouver une nouvelles façon de rémunérer les artistes musiciens. Etes-vous tenté par une diffusion multi canal des auteurs que vous avez signés au sein de votre maison d’édition ? Et vers quelles voies comptez-vous vous diriger si c’est la cas ?

Ces expériences m’intéressent particulièrement… mais chaque chose en son temps.

Enfin le phénomène de Lafaise.com a marqué les personnes qui s’intéressent à ce qui touche au e-commerce. Cette maison s’est fait connaître en concrétisant un modèle économique simple et original : ce site propose des T-Shirts dont les motifs sont réalisés par ses clients. Le principe est le suivant : un internaute soumet un motif, les lecteurs du blog votent et si la note est importante, le T-Shirt est réalisé et le concepteur gagne 500€.
Pensez-vous qu’il puisse être envisageable qu’une maison d’édition applique cette formule ? D’autant que sur un autre secteur, TF1 applique la célèbre formule “You Are The Media” en lançant WAT (site de partage de vidéos) et propose même de diffuser sur TF1 une sélections de vidéos envoyées par les internautes. Cette stratégie vous semble-t-elle envisageable dans l’édition ? Est-elle compatible avec une ligne éditoriale au sens où on l’entend dans la profession ?

Je ne pense pas que cette formule fasse bon ménage avec l’édition… du moins telle que je la conçois.

Pour conclure, pouvez-vous nous donner votre actualité présente et future(sortie de livres, évènements qui concernent votre maison d’édition) ?

Je viens de sortir un livre de photos avec deux textes en français, anglais et allemand sur le thème des lieux de mémoire du débarquement… Se souvenir de la Normandie. L’intention était de traiter ce sujet d’une manière différente de la plupart des livres sur le même thème. Ici pas de glorification de faits de guerre, pas de contemplation d’armes, de matériels, d’uniformes… simplement une invitation, à travers cette errance, à méditer ce passé tragique, dans une perspective Européenne.

Informations pratiques :
le vent Qui passe

13, rue Hélène-Boucher 50120 EQUEURDREVILLE-HAINEVILLE
Tél. : 02 33 10 01 07
Site web : http://www.leventquipasse.fr
Date de création : 2003
Responsable(s) : Dominique Gros
Domaines et spécialités : La promotion de l’écrit et de la photographie sous toutes ses formes.