Tout le monde sait que l'île de Groix est en Bretagne. Et pourtant...Nantes et Noirmoutier étant au sud de Groix,
il n'est pas fantaisiste d'affirmer que les hommes venus du Nord ont certainement reconnu les rivages groisillons. À Locmaria, près de la mer, le tumulus du Cruguel a révélé une
sépulture à barque (tombe viking); un riche mobilier (pommeau d'épée, rivets de bordage, chaudron de fer, restes de tissus en fils légitime d'or, 2 épées, haches et pointes de flèches), entourait
les restes d'un homme et d'une femme.
Cette découverte d'importance est
l'unique "sépulture à barque incinérée" jamais trouvée en France, datée de la fin du IXème siècle, période où les Vikings dominent la Bretagne dans leurs conquêtes vers le sud. Cette découverte fait de Groix un témoin de la conquête scandinave de l'Europe chrétienne. Le Viking qui avait été brûlé avec son drakkar dans la baie de Placemanec ne pouvait être qu'un homme de haut rang. Était-ce une épouse ou une esclave qu'on avait immolée avec lui ? Cet homme ne venait ni de Scandinavie ni d'Irlande car peu d'objets inventoriés dans la fouille provenaient de l'un de ces pays.
Peut-être habitait-il la Normandie ou encore plus simplement avait-il élu domicile sur cette île sans nom ? Groix devait être une escale commode, un repaire facile à défendre et une base de retraite privilégiée quand on allait incursionner sur le Blavet, la Vilaine ou la Loire. Sur cette île, cette baie était le seul site possible d'échouage abrité; la présence d'eau douce, grâce à 2/3 ruisseaux qui coulaient des vallons en faisait un havre possible.
Cette cérémonie de crémation eut lieu fin du IXème ou début du Xème siècle. Nous ne saurons pas qui fut ce chef, où il vécut et comment il mourut. Fut-il mortellement blessé lors de la célèbre bataille de Questembert en 888 qui opposa les hommes du nord à ceux d'Alain, comte de Vannes et de Nantes, alliés à ceux de Judicaël, comte de Rennes qui y trouvera la mort ?
Des apports de populations sur l'île ont probablement été consécutifs à l'arrivée des Normands.L'orthographe "Groé", sonnerait bien nordique, à l'image de ce Groënland, découvert par les mêmes hommes. En langue norroise, le crapaud se dit "gro". L'île aurait pu être baptisée ainsi par les premiers Vikings qui abordèrent la baie de Locmaria et découvrirent, dans ses ruisseaux, le paisible batracien. À moins qu'elle n'ait reçu ce prénom scandinave fort répandu et remontant à la plus haute Antiquité - Groa ?À partir de 936, les normands sont chassés par Alain Barbetorte qui, fort de ses victoires, sur les dernières bandes normandes (Trans, 938) s'impose comme duc. La Bretagne Les invasions normandes n'ont pas réussi à empêcher l'évolution de se poursuivre et la région entre ainsi de plain-pied dans le système féodal. Nantes en est la capitale.
Apparition en 871 dans le cartulaire de Redon, de ce lieu situé à l'embouchure du Blavet, c'est d'abord sous le nom de Port-Blavet ou plus simplement de Blavet que le Port-Louis apparaît dans ce texte. C'est également ce nom que l'on trouve sur les portulans de Catalogne, au début du XIVè siècle.En breton, Blavet se dit "Blahouèh", mot composé de plat (plat, large) et de gouèh (ruisseau) ; ce nom signifie donc ruisseau large. On a dû dire d'abord Er-Bla-Houèt, et par la suite Bla-Houêh, sans article. Il est probable que c'est comparativement aux cours d'eau voisins que celui-ci fût qualifié de "ruisseau large".
Port-Blavet est mis à sac par les Normands en 890 qui ravagèrent toute la côte, de l'embouchure de la Vilaine à celle du Blavet.
source : http://enguerrand.gourong.free.fr/p07_9_11s.htm