Je sais Haguedick : article trop long !!!
La fin du Gulf Stream ?
Le Télégramme entame aujourd’hui une série consacrée au climat. Dans ce premier volet, il est question de la perte d’influence du Gulf Stream lié au réchauffement climatique. Mais la Bretagne ne devrait pas hériter pour autant du climat du Canada, qui se trouve à la même latitude!
La banquise du Pôle Nord et les glaciers terrestres, du Mont-Blanc à l’Antarctique, sont en train de fondre sous l’effet de l’augmentation de la température terrestre (près d’un degré en France durant le XX e siècle). Conséquence : des eaux douces et froides se déversent en masse dans les océans, perturbant le régime des courants. « Imaginez un tapis roulant géant qui fait le tour de la Terre. Son moteur - thermohaline - fonctionne sous l’effet de la rencontre entre les eaux chaudes et les eaux froides, mais aussi en fonction de la densité en sel. Ce système complexe et subtil se dérègle si on modifie l’un des paramètres », explique Jean Jugie, directeur de l’Institut Polaire de Brest. Le Gulf Stream, qui véhicule la chaleur accumulée au niveau de l’équateur jusqu’à la Norvège, commence ainsi à être touché et pourrait, à la fin du XXI e siècle, perdre de sa force et remonter beaucoup moins au nord.
Ni iceberg ni glacier en Bretagne
La Bretagne va-t-elle donc perdre sa légendaire douceur et connaître des hivers de type canadien ? « Non », répond catégoriquement Paul Treguer, chercheur à l’Université de Bretagne Occidentale, désolé de mettre fin au mythe de l’effet adoucissant du Gulf Stream, si présent dans l’imagination populaire et tant vanté dans les syndicats d’initiative : « Ce n’est que partiellement vrai. Ce courant ne joue un rôle qu’à hauteur de 20 %. Ce sont principalement les vents qui sont responsables de cette douceur. Ces vents, qui font le tour du Globe, sont déviés par les Rocheuses et traversent l’Atlantique en diagonale avant de remonter vers le Nord. Même si l’on tient compte d’une réduction d’impact du Gulf Stream estimée à 30 % en 2100, cela ne se traduirait que par un déficit global du système de 6 %. Et, dans le cadre d’un réchauffement global cela ne devrait pas trop se sentir en Europe de l’Ouest. Bref, ni glacier ni iceberg en Bretagne mais ce ne sera pas la même chose en Norvège. De même, la sécheresse généralisée n’est pas à envisager, mais plutôt des étés chauds ».
Montée des eaux : jusqu’à 60 m ?
Il n’en sera pas de même dans les régions du sud de la planète, d’ores et déjà marquées par une intensification des périodes et l’extension des zones de sécheresse. Mais d’autres dangers menacent la planète du fait de la fonte des glaces. Notamment la montée des océans. « La fonte de la banquise, qui est de l’eau de mer gelée, n’a aucune incidence sur le niveau général ; c’est comme un glaçon dans un verre d’eau ». En revanche, celle des glaciers continentaux - qui reculent de 250 m par an dans l’Antarctique - est plus préoccupante. « Si la calotte du Groenland disparaissait totalement, le niveau monterait de 6 m, et de 60 m en cas de fonte de celle de l’Antarctique. Mais à moyen terme, ce n’est pas envisageable car ces calottes mesurent respectivement 2 et 3 km d’épaisseur, l’Antarctique représentant 14 millions de m² (30 fois la France), ce qui représente 70 % des ressources en eau douce de la planète », explique Jean Jugie.
Les océans, puits à CO2
Mais à plus long terme, l’hypothèse d’une fonte totale n’est pas à écarter ; le Groenland (baptisé « terre verte » par les Vikings qui l’ont découvert au X e siècle) s’est déjà retrouvé sans glaces dans le passé. Mais, à l’horizon 2100, les experts prévoient une montée moyenne des eaux de 20 à 90 cm, correspondant à un réchauffement estimé entre 1,1 ° et 5,8° ; qui s’ajouterait aux 10 à 20 cm déjà constatés au XX e siècle. A ces désastres, qui toucheraient des millions d’hommes dans les zones littorales (les plus riches) s’ajoute un autre effet dévastateur du réchauffement sur l’océan : une baisse de sa capacité de puits à CO2. La moitié du dyoxide de carbone est, en effet, piégée par les eaux froides à de grandes profondeurs. Si le système se dérègle, ce CO2 va être dégazé dans l’atmosphère et réalimenter la pompe de la machine infernale. Une pompe à chaleur qui contribue aussi à acidifier les océans. D’où le blanchiment des coraux, ce qui réduit leur capacité d’épuration et à terme de refuges à poissons. Des poissons chassés aussi par la chaleur vers le nord à la quête de nourriture. On le verra dans la suite de ce dossier.
source : http://www.letelegramme.com/gratuit/dossiers/climat/climat-la-fin-du-gulf-stream-20080818-3618340_1429789.php