Forêt boréale : des mythes déboulonnésDes chercheurs universitaires ont fait le point hier sur les enjeux concernant la forêt boréale en détruisant certains mythes entretenus par des groupes environnementalistes.La doyenne de la faculté de foresterie de l’Université de Moncton, Lise Caron, a profité du congrès du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ)
pour sortir de sa «réserve habituelle de scientifique» et rétablir quelques faits. «Il y a actuellement des personnes qui font de la forêt boréale leur cheval de bataille, mais
qui propagent des données ou des idées un peu fantaisistes qui plaisent aux médias, qui cherchent malheureusement trop souvent le sensationnalisme. Je ne peux que déplorer cette situation car cela discrédite les intentions et actions valables», a déclaré Mme Caron, qui se définit elle-même
comme une écologiste.Sans vouloir enlever tout l’intérêt qu’on doit porter à la forêt boréale, Mme Caron a tenu à préciser
qu’elle n’était pas comparable à la forêt tropicale en matière de biodiversité planétaire. «Même s’il est vrai que certaines espèces animales et végétales de la forêt boréale sont uniques et précieuses pour le patrimoine de l’humanité,
l’attention qu’on leur donne ne doit pas primer outre mesure sur le sort des collectivités forestières. Il faut faire bien attention à bien équilibrer les besoins humains et écologiques.»
Quant à la question des changements climatiques, la doyenne de la faculté de foresterie de l’Université de Moncton
estime qu’on assiste à une «déviation du débat remarquable». Pour Mme Dion, il ne fait pas de doute que
la forêt est la solution et non le problème dans le phénomène des changements climatiques.
«Dire que la déforestation est parmi les causes des changements climatiques est une déviation des vraies grandes causes, c’est-à-dire
l’urbanisation et tout ce qui en découle. Je ne veux pas prétendre que la déforestation en milieu tropical (...) ne peut pas jouer un rôle dans les changements climatiques, mais étaler cette supposition à l’échelle du globe n’est pas du tout juste.»
Selon elle, l’aménagement forestier peut jouer un rôle non négligeable pour pallier les changements climatiques, surtout en forêt boréale.
«Il est connu qu’une jeune forêt est plus efficace à capter et à stocker le carbone qu’une forêt avancée en âge. De même, un aménagement forestier durable prend en compte les incendies possibles, sources de dégagement non négligeable de carbone, et s’assure d’une bonne régénération.»
disparition d’espècesRéjean Gagnon, professeur au département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi et directeur du Consortium de recherche sur la forêt boréale commerciale, s’est pour sa part
attaqué au mythe de la disparition d’espèces animales et végétales à la suite de coupes forestières. «Les biologistes n’ont répertorié aucune disparition d’espèce dans les forêts boréales jusqu’à maintenant. Ça veut dire qu’on travaille bien. Oui, les caribous des bois ont des problèmes, mais on travaille pour les conserver», a dit M. Gagnon, selon qui le Québec fait «une des bonnes foresteries au monde».
Le samedi 10 mai 2008
Élisabeth Fleury - Québec
source : http://www.cyberpresse.ca/article/20080510/CPSOLEIL/80509277/6787/CPSOLEIL