Pendant deux heures, samedi, le quartier de la gare
de Oissel, a été bouclé par la police. Objectif ? Interpeller quarante
et un jeunes venant de Cléon et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Une bande
armée, qui prenait la direction du centre commercial Saint-Sever à
Rouen, pour en découdre avec d'autres jeunes. Une bande rivale du
quartier du Château-blanc à Saint-Etienne-du-Rouvray. Selon nos
informations, les forces de police étaient sur le qui-vive depuis
plusieurs jours. Des « informations de terrain » laissaient penser que
l'affrontement était prévu pour la fin de semaine. Vendredi, samedi au
plus tard. Et l'information s'est révélée exacte.
41 jeunes en garde à vueSitôt la bande réunie, samedi vers 14 h 45, la police est informée. Elle les
suivra à distance jusqu'à la gare de Oissel où ils se rendent à pied.
Là-bas, ils s'engouffrent dans un bus, direction la rive gauche de
Rouen. Le car démarre. C'est ce moment que choisissent la Brigade
anti-criminalité (BAC) et la Compagnie départementale d'intervention
(CDI) - une trentaine de fonctionnaires en tout - pour intercepter
l'équipe.
Sans heurt. Dans le bus, les policiers
découvrent un véritable arsenal. Revolvers à grenailles, coupe-coupe,
amortisseurs reconvertis en gourdin, battes de baseball, marteaux… De
quoi blesser. De quoi tuer. Le bus de la TCAR est alors réquisitionné
pour acheminer les jeunes au commissariat central, rue Brisout-de-Barneville où ils sont placés en garde à vue.
Là, la police fait les comptes : sur les quarante et un jeunes, six ont eu
déjà affaire à la justice pour différentes affaires. Vingt-sept sont
mineurs. Et sept n'ont que 15 ans.
Sur les motivations de l'expédition punitive, pas un mot. Les policiers et le
parquet doivent recouper les quarante et une versions. Différentes bien
entendu. Tous réfutaient hier encore vouloir s'attaquer à une bande
rivale. Et aucun ne reconnaissait être le propriétaire de l'une des armes retrouvées dans le bus.
Quel mobile ?Le contexte de la rivalité n'est pas encore clairement défini.
Une affaire de stupéfiants ? Une histoire de filles ? De jalousie ?
Un regard qui a déplu ? Une histoire d'« honneur à laver » peut être ?
Une rixe très brève avait en effet déjà éclaté le 2 février dernier au
cœur du quartier Saint-Sever. Un quartier, où la présence policière a
été accrue d'ailleurs samedi dès l'annonce de la mise en branle du
cortège interpellé à Oissel.
Hier, le parquetier de permanence a décidé de prolonger la garde à vue de toute la bande. Tous devraient être déférés aujourd'hui pour « transport
d'armes en réunion ». Un délit puni de trois à dix ans de prison.
Hier, vingt-quatre heures après l'intervention policière, le calme était
revenu à Oissel. La ligne 10 fonctionnait tout à fait normalement. Un
chauffeur de l'après-midi n'avait même pas entendu parler de
l'incident. Et autour de la gare, comme à l'intérieur, c'était le calme
plat. « Les policiers m'ont dit qu'une partie des jeunes, la moitié
peut-être, venaient de Cléon et de Saint-Aubin, plus particulièrement
des quartiers Les Fleugrais et La Croix, commentait hier Alain Ovide,
le maire de Cléon. Depuis trois ou quatre mois, nous avons en effet
quelques problèmes. » Des « problèmes » qui, samedi, auraient pu virer
au drame.
source paris normandie